Le capitalisme d’il y à un siècle est le même que celui d’aujourd’hui : comment espérer qu’il change ?
Vous espérez peut-être que « le système » va changer et que l’on pourra au moins atténuer les effets de « l’effondrement qui vient » ? Vous avez le choix entre lire l’article en lien, un condensé de « design et stratégie » bisounours truffé de mots pompeux, ou visionner ce documentaire d’Arte intitulé « La loi de la banane » : un récit historique qui débute en 1871 et nous rappelle que le monde n’est pas du genre bisounours.
La « loi de la banane » nous apprend comment le capitalisme moderne s’est implanté dans les pays d’Amérique Centrale vers la fin du XIXième. Plus d’un siècle après, tous ses ingrédients sont encore d’actualité, les voici en vrac :
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Expropriation des petits paysans => accaparement des meilleures terres en toute légalité.
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Standardisation des produits.
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Recours aux produits chimiques dans les plantations pour contrer les maladies qui n’ont plus aucun frein naturel.
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Privatisation de biens publics au titre de la dette : exactement comme en Grèce aujourd’hui.
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Évitement de l’impôt.
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Travaux forcés, esclavage qui ne dit pas son nom => 4000 morts pour 40 km de voie ferrée => 1 mort tous les 10 mètres.
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Ségrégation entre blancs et natifs. Aujourd’hui, les pays pauvres se ramassent nos déchets.
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Publicité à grande échelle et par tous les canaux possibles.
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Développement des moyens de transport => cruciaux pour l’écoulement des produits. Sans eux, toute production à grande échelle s’accumulerait sur place de façon absurde.
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Corruption des élites locales : le Guatemala cède l’exploitation de sa ligne de chemin de fer, son télégraphe et son port à l’UFC, l’United Fruit Company, surnommée « la pieuvre ».
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« Importation » de travailleurs de pays étrangers => travailleurs déracinés, isolés, dociles et pas chers.
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Anticommunisme et antisyndicalisme => grève matée par l’armée => 1000 morts. Syndicalistes et militants assassinés.
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Création du marché par la pub : aux États-Unis en 1890, personne ne connaît la banane, en 1914 on en trouve partout. Le téléphone portable est devenu universel aussi rapidement.
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Produire plus pour compenser les pertes (dues aux aléas climatiques) : ou produire plus pour faire des économies d’échelle : donc indépendamment des besoins réels avec écoulement des produits par la pub.
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L’UFC nourrit ses ouvriers et les loge mais assèche les marais => dégâts écologiques.
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Sécurité sociale privatisée : l’UFC construit aussi des dispensaires et des écoles, (mais paie en bons d’achats à dépenser dans ses magasins) : c’est la « générosité » du capitalisme.
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Auto-alimentation du capitalisme : besoin de stabilité et de sécurité => dictatures => diabolisation des réformateurs => renversement des gouvernements hostiles => guerre civile 100.000 morts, 1.000.000 déplacés, des dizaines de milliers de disparus au Guatemala. De nos jours : Irak, Libye, Syrie + Russie accusée de tous les maux.
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Nomination de hauts cadres du capitalisme à des postes politiques.
Le capitalisme d’il y à un siècle est donc le même que celui d’aujourd’hui : comment peut-on espérer qu’il change, et suffisamment vite pour éviter l’effondrement annoncé pour 2030 ?
Paris, le 3 décembre 2017
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Bonjour,
Je l’ai dit déjà, mais vous visez un débat qui me parait essentiel aujourd’hui et vous êtes peu nombreux, très, très peu nombreux ayant pris l’angle de visé qui est le votre. Cela suppose être tenace, courageux et votre pugnacité ombrageuse semble être un vrai moteur que je comprends mais le haut intérêt du sujet que vous arrivez à dégager, la perception que c’est brulant, vrai, actif, sur le point de naitre est aussi un moteur.
Vous vous colletez à la matière, à la chose importante et je vous dis bravo ! continuez, enfin j’espère.
Bon, ça fait hagiographie simplette et ça me gène mais au diable la pudeur de l’intellect, car les choses sont devenues tristement sérieuses.
En quelques jours les billets « Espoir et capitalisme », « et on s’en fout », et le rappel indispensable de « Le meilleur des mondes » sont des sources de réflexions vraiment intéressantes qui supposent d’y réfléchir un peu. Malraux, Leibniz, Bataille tournent autour d’une idée forte qui ne demande qu’à apparaitre façon Athéna : armée de pied en cape immédiatement opérationnelle pour notre problématique actuelle.
Tourner autour de cette idée, la pensée de dieu est un fait, Dieu on verra car c’est inaccessible, ce que pas mal de religions acceptent totalement, mais cette idée pratique de dieu, la spiritualité, depuis si longtemps, certainement si utile pour fédérer des forces d’envies de courage et d’autorisation de l’intuition (il fallait bien qu’elle vienne de quelque part), les religions meurent, l’idée de dieu, du principe organisateur et moteur est utile pour faire évoluer nos mentalités sous la force et l’urgence des faits.
Bien sûr que le message chrétien, ayant acquis un statut de dynamique la plus forte, fut contraignant et se termina d’après moi très mal, mais je n’ai besoin ici de ne blesser personne dans un débat sans fin.
L’émergence du message chrétien n’est pas l’émergence de la religion chrétienne, des dynamiques différentes.
Le message explose auprès des gens, s’impose d’une manière folle et presque naturelle, c’est le moment, c’est le message, c’est la dynamique – ensuite, les normes, les gens, le nombre, Constantin etc. font qu’il leur fut utile d’utiliser le message mais je m’en fiche.
Ce qui m’intéresse c’est que la précision et la vérité d’un message peut exploser à un moment donné. Il est vrai à un moment donné car il donne une piste. Nous sommes câblés comme ça, c’est un fait. On appelle cela un même, un buzz, des mots, mais le fait reste, les idées juste (à un moment) enflamment l’humain a condition qu’il s’y glisse une notion spirituelle, moi et le futur cohérent dans une idée, juste, vraiment juste, ne parlant pas de message fabriqué, mais du réel difficile.
il me semble que le monde d' »après le mur » mérite une piste, un message, non pas d’espoir mais de vérité, pas de honte à être humain, pas de honte à avoir fait ce que l’on à fait, mais honte à ne pas faire demain mieux et moins, honte à ne pas être courageux, ne pas chercher la confiance ou l’espoir mais le courage et le mérite d’avoir à tenir son rang d’espèce, une bataille est perdu mais pas la guerre.
Désolé, j’ai l’impression de pérorer et n’hésitez pas à le dire, mais c’est tellement important.
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Non, vous ne pérorez pas, ce que vous dites est très intéressant, en particulier cette notion de « message », et le § qui commence par : « Ce qui m’intéresse c’est que la précision et la vérité d’un message peut exploser à un moment donné. Il est vrai à un moment donné car il donne une piste. » Ce message qui manque, (mais pourrait venir), devrait avoir certaines qualités pour « donner une piste », c’est-à-dire ouvrir l’horizon de l’humanité. Je n’ai bien sûr aucune idée de ce qu’il pourrait être, mais je pourrais éventuellement dire quelles qualités il devrait avoir, c’est le genre de choses auxquelles il m’arrive de penser, et ce n’est pas étranger à la notion de « grand récit » de Cyril Dion. Amicalement.
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Le message dira le passé, le mur et le futur non pas précis mais imagé, sous forme de vecteur de « forces ». Chacun construisant son futur sur ces briques avec toute la saine diversité possible et nécessaire.
Ma mythologie personnel dit « Courage, mère de toutes les qualités », « Orgueil mère de tous les défauts ». C’est sommaire à dessein et aussi utile et pratiquo pratique que la minuscule boussole, breloque, qui dans la tempête immense guide le gigantesque bateau cogné par les flots vers le port.
Le passé n’est pas facile à vectoriser, à résumer – je n’y ai pas réfléchi en fait – ce mélange d’exceptionnalisme philosophique, scientifique, et bien sûr religieux, de progrès, de route vers l’infini et le bonheur absolu par la possession de tant de choses… pas facile de faire une synthèse pratique mais aussi spirituelle (totalement casse gueule)… vraiment intéressant je vais tenter d’y réfléchir et certainement faire choux blanc, mais d’un seul coup il me semble plus important à définir que le futur qui découlera de cette analyse… étrange.
Le présent plus facile. le mur me parait bien documenté.
Le futur. Maintenant que je découvre mieux le rôle du passé (richesse de la discussion) il me parait plus facile ? étrange bis.
A suivre
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