Le pire est désormais certain (caduc)

EDIT le 5 décembre 2020 : ce billet n’est plus intéressant, je le garde seulement pour mémoire. Désormais, plus personne ne parle d’un réchauffement à 7°C et même le pire scénario du GIEC, (en gris ci-dessous), est impossible car l’on n’aura pas assez de combustibles fossiles pour émettre les GT d’équivalent CO2 qu’il faudrait. On va donc vers quelque chose entre 2 et 3°C en 2100 selon le GIEC, mais ce pourrait être 5°C selon l’étude de Sciences et Avenir qui fait l’objet de ce billet.

Scénarios-GIEC

EDIT le 17 septembre 2019 : tout le monde parle de ces nouveaux calculs qui donnent jusqu’à 7°C en 2100, donc bien loin des 5° dont il est question dans ce billet. Le pire n’a pas fini d’être le plus probable.


Onfoncedanslemur s’efforce, par exécration de toute forme de racolage, de ne pas tomber dans le « catastrophisme », et regrette amèrement de se laisser parfois prendre au piège d’une fausse nouvelle qui suscite par trop l’émotion. Mais celle qui vient de tomber sur le site de Sciences et Avenir, et qui succède à celle d’hier sur le lien, désormais probant, entre réchauffement et événements extrêmes, lui fait dire que le pire est désormais certain.

Sciences et Avenir relate donc que : « si les émissions (de CO2) suivent un scénario habituel, il y a 93% de chances pour que le réchauffement climatique dépasse les 4 degrés Celsius d’ici à la fin de ce siècle, se rapprochant de 5°C ». Or, « le système » étant soumis à une évolution mais à aucune régulation, (lire en particulier « L’impossibilité de faire autrement »), il est certain qu’il va continuer son expansion vers le pire, sauf si les émissions de CO2 ne chutent drastiquement après un énorme effondrement de l’industrie mondiale. Pour être bien clair, disons que, si l’effondrement pronostiqué par le rapport Meadows ne survient pas dans les décennies 2020-2030, alors les 5°C sont littéralement garantis pour 2100.

Le titre retenu par Sciences et Avenir est trompeur : « +5°C si on ne fait rien » : mais le système ne peut rien faire ! Le billet « Perdu dans les sables » se terminait ainsi : « Il est donc faux de dire « l’on savait mais l’on n’a rien fait » : l’on a fait beaucoup de choses au contraire, mais le système joue constamment en sa faveur, et à la fin c’est toujours lui qui gagne… » Même si tous les acteurs redoublent leurs efforts, (ce qui ne manquera pas d’arriver), ils ne voudront jamais réduire leur puissance parce qu’ils doivent survivre face à leurs concurrents, alors que reculer par rapport aux autres vous condamne à disparaître. Aussi puissants soient-ils, les acteurs du système sont comme les individus pour lesquels la vie continue et doit continuer : si donc ils en viennent à l’enfouissement du CO2 comme le dit Sciences et Avenir, ce ne sera pas au péril de leurs bénéfices, et cela implique qu’ils prorogeront la croissance économique. Ils sont dans l’impossibilité de faire autrement.

En dépit de la menace climatique, le système ne fait pas que s’étendre, (la croissance du PIB mondial est d’environ 2% par an), il persiste dans son être de façon éhontée. C’est ainsi que l’on voit Jeff Bezos « tester avec succès un nouveau système de fusée ». Le but ? Pouvoir envoyer quelques clients fortunés « au-delà de la ligne Kármán – qui se trouve à environ 100 km au-dessus de la surface de la Terre ». Et ce dès 2018, car il y a urgence, n’est-ce pas ? Pendant ce temps, dans ses entrepôts, il soumet ses salariés à des cadences infernales qui ruinent leur santé, comme au 19ième siècle. De manière générale, les GAFAM, fer de lance du capitalisme d’aujourd’hui, capitalisent une valeur boursière qui défie l’imagination et témoigne de la « mentalité » globale du système, ou de « l’esprit du capitalisme » pour reprendre la locution de Max Weber. Leur activité nous signale la véritable direction que suit le système, une direction qui n’a que faire du réchauffement climatique, de la perte de la biodiversité et du rapport Meadows. Les GAFAM ne se soucient guère que de la fin du pétrole, parce qu’ils ont de gros besoins d’énergie : renouvelable bien sûr, l’on peut parier qu’ils sauront tirer la couverture à eux.

Mais trouver des substituts au pétrole n’implique pas la fin des émissions de CO2. L’on continue de consommer des énergies fossiles sans voir un début de décrue, les puits de carbone diminuent d’efficacité, il y a la déforestation, et ces barrages hydrauliques au fond desquels se forme du méthane,… Bref, les innovations style GAFAM font évoluer le système sans remédier à ses dégâts. Au contraire, les milliards de dispositifs électroniques connectés aux serveurs vont encore augmenter les besoins, d’autant plus que le système n’en finit pas d’inventer des applications qui les justifient.

En résumé, si le pire climatique n’est pas certain, ce ne peut être qu’en raison d’un effondrement industriel encore pire que celui envisagé dans « Le jour d’après ». Sinon, il y aura toujours production d’un maximum de CO2, et donc 5°C sur la ligne d’arrivée.

Paris, le 16 décembre 2017


Illustration : Sciences et Avenir

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13 commentaires sur “Le pire est désormais certain (caduc)

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  1. Le moment idéal arrive pour passer du matériel au spirituel. Si la dimension d’un monde commence à s’effondrer, il est important de savoir s’appuyer sur ce qui a fait nos vies, tant que c’est encore « viable », pour passer à une autre dimension.
    Un peu comme un parapentiste qui court sur la terre pour prendre de l’élan pour s’élancer dans les airs.
    La permaculture c’est à faire … pour les autres qui ne sont pas encore prêts / motivés pour le spirituel.

    Actuellement, il existe déjà des êtres (très rares certes) qui arrivent à se passer de nourriture solide (nourriture pranique), font des voyages hors du corps physique (voyage astral) ou bien résistent à des conditions / températures extrêmes (tumo).

    Son propre corps / esprit peut être un véritable laboratoire. Il vaut mieux être en bonne santé physique et mentale. Un travail de méditation et de discrimination aident beaucoup, sans oublier l’influence primordiale de guides, incarnés au non. Mais l’élément essentielle reste la nature de sa motivation, sincérité et ses capacités de perception.

    Pour le citoyen non informé, ce sont déjà des « mutants », mais ces évolutions existent déjà et préfigurent l’Homme de demain, en tout cas les effets dans sa forme biologique, lorsque la planète sera salement « amochée ».

    En Inde, on appelle cela des « siddhis » (en sanskrit), pouvoirs spirituels. Mais ce sont des processus qui ne doivent pas être le but de l’évolution, au risque de bloquer son évolution.

    Combien d’entre nous réalisent qu’il vivent dans leur « monde » ?, fait de projections mentales, la prison de l’ego. Lorsque le quotidien devient un cauchemar, le désir de s’éveiller va être sacrement stimuler pour certains d’entre nous. Un précurseur, Bouddha, ne disait pas autre chose (les 4 nobles vérités).

    S’éveiller dans le sens Eveil Spirituel.

    Le pire peut donner naissance au meilleur de l’Homme, peut-être ….

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  2. Ma position
    je pense en effet que la catastrophe est inévitable (courbes exponentielles délirantes et changements de température trop rapides pour une adaptation viable pour 90% du vivant).
    je veux dire que la guerre des ressources et/ou la guerre exterminatrice est inévitable.
    Avec une probabilité, une opportunité élevée d’en profiter pour provoquer un hiver nucléaire et/ou une extermination indispensable d’une proportion significative de la population, réduisant considérablement la nécessité de guerre de ressources et de production de polluants et de dévastation environnementale.
    Les ultra-riches PEUVENT provoquer cela et peuvent penser s’isoler suffisamment pour survivre quelques décennies aux bouleversements planétaires.

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    1. La population mondiale finira par décroître rapidement comme prévu par Meadows, mais sans que l’on ait quoique ce soit de spécifique à faire pour cela. Ca se fera « tout seul », comme cela se passe déjà maintenant, sauf que ce sera à beaucoup plus grande échelle. C’est un thème intéressant sur lequel je compte revenir, j’en ai parlé une 1ère foi ici : https://www.facebook.com/notes/on-fonce-dans-le-mur/impuissance/412709312403585/

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  3. ‘soir !
    Une idée à moi , qui pourrait peut-être faire avancer les choses :
    et si , à trop considérer l’épuisement des ressources/effondrement industriel sous un angle purement scientifique , on se priverait d’un point de vue + élargi pour la modélisation du futur , celui qui inclut les nations ?
    Les pays du Moyen-Orient et du Maghreb , à cause de leur retard technologique , épuisent rapidement leurs ressources en eau
    Si des Etats (islamiques) sont mis au pied du mur + si 1-2 leaders émergent dans le bazar ambiant … pourrait-on imaginer une guerre Europe vs ligue (?) arabo-musulmane ? Cela reste une hypothèse mais , sait-on jamais ..

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    1. Une « guerre Europe vs ligue (?) arabo-musulmane » ? On peut l’imaginer mais elle est improbable dans le sens arabe –> Europe. Voyez comment nous (US/OTAN) avons déjà écrabouillé la Libye, l’Irak et la Syrie… Mais une immigration massive est quasi certaine car le pourtour méditerranéen va voir sa pluviométrie baisser. Pour ce qui est d’une modélisation style Meadows au niveau des nations, c’est possible mais difficile, car il faut intégrer les importations/exportations de chaque pays.

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