29 décembre 2025 – 1300 mots
Colère contre les antivax.
L’image d’illustration montre le Professeur Sabatier devant un parterre de scientifiques écoutant ses révélations dans un état de grande excitation. C’est ainsi que progresse la science.
N’ayant (évidemment) rien compris à mes deux derniers billets portant sur les mensonges des complotistes, mon frangin a cru bon de m’envoyer une vidéo récente : « Foie gras et vaccination ARN : ce que vous ne saviez pas – Jean-Marc Sabatier ». Il m’oblige à enfoncer le clou : j’exècre les menteurs, je hais les menteurs, et d’autant plus s’ils sont hauts placés ou bardés de titres. Les Raoult, les Sabatier, les Henrion-Caude et autres Fouché sont des enfoirés, des gens qui ne méritent aucun respect, car eux-mêmes ne respectent rien, et ils le savent très bien. Mon frangin n’a même pas compris que leurs thèses complotistes ne méritent aucun débat, seulement le mépris, car ces gens n’ont qu’un but : dénigrer la science établie, la recherche scientifique et les vaccins.
A titre d’exemple bien précis, revenons sur la sentence de Raoult, qui aurait « expliqué en détails POURQUOI il prétend que les épidémies ne peuvent se prédire ».1 Les scientifiques n’ont évidemment aucun modèle pour prédire où et quand des épidémies surgiront à l’avenir, mais, dès lors qu’un foyer épidémique apparaît quelque part, ils prédisent très bien comment il va s’étendre. Le phénomène est entaché d’incertitude mais il n’en est pas moins déterministe, car l’on sait très bien comment chaque maladie se propage d’un contaminé à un autre. (C’est du reste la première chose que l’on cherche à savoir face à un agent infectieux inconnu.) Or Raoult a dit :
« Je pense que c’est exactement la même chose que l’astrologie, c’est pareil. (…) Faire des prédictions sur quelque chose qui n’existe pas encore, c’est vraiment fou. »2
Fou signifiant ici absurde, il faut comprendre qu’il prend prétexte de ce que les épidémies ne seraient pas prévisibles pour faire croire que les vaccins ne peuvent pas être efficaces, ou qu’il est inutile de vacciner une population. C’est clairement du dénigrement fondé sur un mensonge, car Raoult sait fort bien que les maladies contagieuses se propagent de façon déterministe. Il est de mauvaise foi, on ne peut pas débattre avec quelqu’un de mauvaise foi, c’est le principe fondamental de tout débat contradictoire sérieux et intéressant.
Venons-en à la vidéo du sieur Sabatier. Il paraît que « la technologie vaccinale » est en train de « s’implanter dans notre alimentation » et que le « repas de Noël, mine de rien, est l’un des plus impactés par cette irruption ». L’on devine d’emblée la nature du scandale : les canards ayant été massivement vaccinés, le foie gras dans nos assiettes est farci d’ARN messager auto-amplifiant, de nucléotides, de squalène, de complexes réplicases, et il n’est pas du tout certain que tout cela se fasse dégrader par la cuisson ou dans l’estomac. On risque donc de consommer de l’ARN messager fonctionnel, lequel sera traduit par les ribosomes de nos cellules en protéines antigéniques. Ensuite ça se complique singulièrement, car les protéines en question étant dérivées des ARN, et ceux-ci provenant d’un peu partout, (d’autres épidémies et vaccins je suppose, car l’encéphalite vénézuélienne est citée), ces protéines sont elles-mêmes un peu tout et n’importe quoi, et elles peuvent faire des copies de l’ARN. Il y a donc un risque que cela passe dans la circulation sanguine.
L’interviewer reprend ensuite, – de façon superflue mais repérable par ces béotiens de complotistes -, reprend un mensonge déjà proféré par Henrion-Caude : ce n’est pas un vrai vaccin mais une « thérapie génique ». (Sabatier aussi parle de « vaccin entre guillemets ».) Or l’on sait que ces thérapies géniques modifient l’ADN de certaines cellules : il s’agit donc de faire peur en faisant croire que les vaccins à ARN peuvent modifier l’ADN de nos cellules, et ainsi d’introduire l’idée que l’on joue aux apprentis sorciers, qu’en réalité les scientifiques ne maîtrisent rien, etc. etc. etc. C’est encore du dénigrement.
Ensuite, Sabatier reprend les mêmes éléments de langage qu’Henrion-Caude : l’ARN messager « injecte de l’information génétique » qui va « déformer le fonctionnement de la cellule pour lui faire produire la protéine antigénique », (c’est la cible du vaccin), mais, explique-t-il, la cellule va se mettre à produire aussi des « protéines hors cibles, dites adhérantes, qui peuvent aussi stimuler le système immunitaire et être à l’origine de troubles métaboliques ». Il faut le croire sur parole, évidemment.
L’interviewer demande ensuite, (5’45), comment l’ARN vaccinal peut-il passer dans notre corps via le foie gras : c’est la question-clef car l’on voit bien que, sans cette transmission, il n’y a plus de scandale. Sabatier répond par un discours hyper-technique, farci de termes hyper-pointus concernant des mécanismes cellulaires que ses auditeurs ne peuvent pas connaître. Ça c’est de la science!, doivent-ils penser en l’écoutant. Ils ne se rendent pas compte que c’est du pipeau, car il est impossible de comprendre en quoi ces explications répondent effectivement à la question posée. Au demeurant, son baratin explique qu’il peut y avoir des erreurs à la transcription de l’ARN, mais ne répond pas du tout à la question posée, alors que l’auditeur béotien peut croire qu’il l’a fait. Un tour de passe-passe digne de Pierre Dac !
Le pourquoi de tout çà arrive à la minute 14. Jusque-là, l’auditeur ne pouvait comprendre que les questions, pas les réponses, mais c’est normal, c’est de la science, n’est-ce pas, de la vraie science qui sort ardue et toute nue d’un vrai scientifique du CNRS. Il apparaît donc que tout ça a été fait « sans aucune étude d’impact sanitaire ». « Tout ça est très délétère, toutes les études qui ont été faites montrent que [mot hyper technique] ne devrait pas être utilisé dans un ARN messager, et qu’un ARN messager ne devrait jamais être utilisé dans une approche vaccinale. Pourquoi ? Parce qu’on ne maîtrise pas la production d’antigènes, on ne maîtrise pas la biodistribution de l’antigène, ni la captation de nanoparticules lipidiques, on ne maîtrise pas du tout leur captation au niveau cellulaire et au niveau des organes, ça peut passer les organes reproducteurs, la rate, la barrière hématocéphalique, placentaire, etc, il n’y a aucune maîtrise du système, on ne connaît pas le catabolisme de ces composés, les ARN messagers vaccinaux ne sont pas du tout comparables aux ARN naturels, (…). » En quoi sont-ils différents ? Et comment pourraient-ils être transcrits par les mécanismes cellulaires naturels s’ils sont différents ?
J’arrête. Son seul discours compréhensible consiste à dénigrer. Son message est exactement le même que celui de Henrion-Caude : les scientifiques jouent aux apprentis sorciers. Ayant lu sans discontinuer des revues de vulgarisation scientifique depuis mon adolescence, j’ai assez d’expérience pour savoir que ce sale type ne fait pas de la vulgarisation scientifique mais de l’enfumage. Il cherche à berner les gens, il cherchent à leur faire croire des trucs et des machins qui ne sont que des conneries. A trois secondes d’intervalle, il peut vous dire qu’aucune étude d’impact n’a été faite, puis que toutes les études montrent qu’un ARN messager ne devrait jamais être utilisé dans une approche vaccinale : champion du grand écart, le monsieur ! Il peut aussi vous détailler comment l’ARN vaccinal pénètre une cellule, puis vous dire qu’« on ne maîtrise pas » leur « captation » au niveau cellulaire.
Tout cela me dégoûte profondément. Pour les croyants complotistes, les mensonges sont indiscernables, ils croient que ces gens disent la vérité. Ils oublient juste un paramètre : c’est le fait qu’un mensonge passe toujours pour une vérité aux yeux de qui le croient. Mais c’est un problème qu’ils esquivent en disant : moi, je ne crois rien ni personne, j’écoute tout le monde, je ne fais que chercher la vérité. Ça ne mérite pas des félicitations mais des paires de claques.
1Cf. « Esprit complotiste, es-tu là ? »
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