EDIT le 12 décembre 2020 : en cherchant à vérifier les règles d’accord avec le « nous de majesté », votre serviteur a eu la surprise de découvrir qu’il existait aussi un « nous de modestie ». Il sert à « gommer le côté trop individualiste de je », tandis que le vrai « nous de majesté » est réservé aux autorités. Nous avons donc changé majesté en modestie dans le texte ci-dessous en date de septembre 2018.
Ce que l’on appelle le « nous de modestie », et que nous employons sans vergogne, n’est pas une coquetterie de plume mais une « douceur » pour l’oreille. Cette « modestie » sert à distancier le « nous » qui tient la plume du « moi » qui pianote sur un clavier : le premier, pour être agréable à ses lecteurs et lectrices, s’efforce de tenir le second aussi éloigné que possible. Nous avons bien sûr un corps, une famille, un logement, un passé et tout ce qui fait la vie ordinaire des gens ordinaires, mais tout cela ne doit pas transparaître dans notre style. C’est uniquement une question de style, ou de « personnage » si l’on préfère. D’autres blogueurs font le choix inverse : ils écrivent je pour dire je, et tout se passe très bien, personne n’a l’impression qu’ils mettent leur ego en avant.
Il y a cependant une autre raison : nous voyons dans ce nous un rempart contre le je qui, si nous lui lâchions la bride, en viendrait rapidement à nous faire dire tout et n’importe quoi. Car il voudrait aussi exprimer son humeur, l’intensité de ses convictions, (supérieures à celles des autres, comme il se doit), ses colères devant les réactions « hallucinantes » de certains internautes, etc. Ce blog deviendrait rapidement agressif, se noierait dans des polémiques et sombrerait comme le Titanic.
Paris, le 10 septembre 2018
Illustration : site Byzance photos reportages