Pessimisme radical

Le pessimisme radical, qui caractérise ce blog et sa page FB, n’est pas seulement le fruit d’un esprit que l’on peut croire méchant et torturé, il vient surtout d’une lecture raisonnable du passé. Quand on considère celui-ci de près, les raisons d’espérer se volatilisent : parce que nous n’en sommes pas arrivés là par hasard mais parce que tout nous y a conduit. Le développement de l’humanité n’a pas été uniforme, – il existe encore de rares populations vivant comme à « l’âge de pierre » -, mais c’est son « fer de lance » qui détruit l’environnement et provoque cette montée constante du CO2. Et c’est dans ce « fer de lance », – les pays développés qui continuent de se livrer à une concurrence acharnée -, que se sont « empilées » et « condensées » les innombrables causes auxquelles il est impossible de mettre fin. Des causes dont les effets vont se nicher partout et dans les moindres détails : des patrons qui vous chipotent la minute de pause, des banques qui prélèvent des frais sans vergogne, des entreprises chinoises du BTP où l’on travaille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, des mines infernales où de pauvres hères creusent des trous d’homme à la pioche, etc.

Celles et ceux qui prétendent que des solutions existent, – laissant entendre qu’il suffirait de les mettre en œuvre comme l’on gère une entreprise -, ne tirent pas du passé les mêmes leçons que nous. Ils ne voient pas que ce passé, (qu’il faut faire remonter aux premières gravures rupestres si ce n’est à l’émergence d’Homo sapiens avec sa maîtrise du feu), est toujours présent via ses causes persistantes. La monnaie, pour ne citer qu’un exemple, a permis de s’affranchir des limites du troc, et c’est ainsi que des mineurs congolais se retrouvent désormais comme embauchés à la fabrication de smartphones. Pathétique.

Les solutions du futur, éco, bio et tout c’qu’on veut, ne peuvent être qu’à l’image de celles du passé : elles conduiront immanquablement à des déceptions. Les réflexions profondes des bonnes âmes ne sont pas encore assez profondes pour qu’il en aille autrement. Leurs solutions se feront balayer par le changement climatique, parce que désormais c’est lui qui mène la danse.

Paris, le 9 août 2018


EDIT le 27 décembre 2020 :

Pour se mettre un peu de baume au cœur, on peut visionner ce délicieux extrait du film « Alice et le maire » où Fabrice Luchini, dans le rôle du maire de Lyon, évoque une discussion avec un scientifique dans lequel on reconnaît Jean-Marc Jancovici. L’extrait se termine sur ces mots :

« Moi je crois aux idées, au progrès, je crois à la croissance infinie, à l’infinie ingéniosité humaine. »

Cela renvoie à la grande question de savoir si le moteur de l’histoire réside dans les idées ou les rapports de forces. Dans la seconde hypothèse, celles de la nature auront raison de cette ingéniosité grâce à laquelle l’espèce humaine s’est affranchie de la sélection naturelle.

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