Le « grand récit »

Après son documentaire « Demain » et plusieurs ouvrages, Cyril Dion vient de publier un « Petit manuel de résistance contemporaine » où il appelle, selon son interview dans Libé, à la « construction d’un grand récit commun », car il conviendrait de « considérer la place des récits comme moteur principal de l’évolution des sociétés ». L’idée nous plaît beaucoup, mais n’est-elle pas trop belle pour être vraie ? Avertissons d’emblée que personne ne sait exactement quel est le « moteur » de notre évolution, la question reste ouverte, ce qui autorise toutes les spéculations. Mais l’idée d’un « grand truc » pour « se sortir de là » est bien dans l’air du temps, elle découle du catastrophisme ambiant soutenu par les mauvaises nouvelles qui se succèdent sans relâche. En 1975, soit trois ans après Meadows, Malraux avait déjà pronostiqué que « le XXI ième siècle sera mystique ou ne sera pas », certains aujourd’hui parlent de « changer de modèle », d’autres, comme Paul Jorion, annoncent la « fin du capitalisme », et nous savons, depuis la Bible, que les « grands récits » laissent augurer de grands bouleversements.

Les moins pressés peuvent faire une recherche sur le Net : elle montre que le « moteur de l’histoire » préoccupe beaucoup de monde depuis des lustres, et a donné lieu à plus d’une théorie intéressante. Pour en avoir un aperçu, (ou plutôt une assommante leçon pour candidat au bac), l’on peut cliquer sur « Le sens de l’Histoire », l’on y apprend que : « Toute philosophie de l’Histoire se doit de montrer quel peut être le moteur de l’Histoire : c’est-à-dire ce qui donne à l’Histoire son dynamisme et la fait avancer dans une direction. » Ce texte explique d’emblée l’opposition entre, d’une part, « l’empire qu’exerce l’esprit dans l’orientation de l’Histoire », d’autre part la « présence de la violence dans l’Histoire ». Autrement dit, soit l’Histoire résulte des faits tangibles soumis aux rapports de forces, à la dynamique des liens de causes à effets, à la violence et la lutte des classes, etc., soit elle procède de « l’esprit », et de tous ces « grands récits » que les humains ont imaginés.

Selon nous, idéalisme et matérialisme se marient fort bien, le premier pour faire apparaître de nouvelles idées, le second pour les imposer par la force, car les premières sont dépourvues de la puissance de l’action : « il n’y a pas de force intrinsèque des idées vraies » disait Bourdieu, cité par Frédéric Lordon, elles ne peuvent donc pas s’imposer d’elles-mêmes. L’on peut en dire autant des idées grandioses, l’histoire du christianisme est riche d’enseignement à cet égard : sans une persécution des païens digne de Staline, il n’aurait jamais pu s’imposer. De manière analogue, (mais avec d’autres moyens), le néolibéralisme s’est imposé via les programmes politiques de Reagan et Thatcher après avoir longuement mijoté dans les marmites de « l’école de Vienne ». Aujourd’hui, force restant à la loi, il suffirait théoriquement de voter de nouvelles lois, de « prendre des mesures concrètes », pour changer le monde à peu près comme on veut.

Le grand récit selon Cyril Dion

Selon son interview à Libé, Cyril Dion imagine que le « grand récit » pourrait naître comme les petits ruisseaux font les grandes rivières : à partir de petits récits du terrain qui viendraient s’agglutiner pour former une grande fresque. Ou bien à partir de lois votées au parlement, par exemple pour « changer notre façon de nous comporter par rapport aux animaux », rapport au problème des abattoirs, de l’élevage en batterie, etc. Sur France Inter, il avance que : « l’urgence, c’est de transformer le modèle agricole ».

Nous n’avons rien contre ces grandes et belles idées, mais c’est très agaçant de tomber sur un truisme, « transformer le modèle agricole », puisque ce modèle est critiqué quasiment depuis sa naissance après 1945, ce qui fait une paille. Agaçant aussi sa réponse à une auditrice évoquant les expulsions de NDDL : « il n’y a pas eu de débat de fond, faute de récit ». Mais puisque ce manque n’est imputable qu’au système politique, l’urgence ne serait-elle pas de transformer d’abord le modèle politique ? Et puis bon, les bases de tout ça étant économiques, ne conviendrait-il pas de transformer aussi le modèle économique ? (Et supprimer la pub en passant, sans oublier Facebook et toutes ces applis de « l’économie de l’attention ».)

Il se plie en fait à la crétinisation des esprits par un système d’autant plus friand de « mesures concrètes » qu’il cherche continuellement à s’adapter à l’opinion publique, à suivre le mouvement des idées pour les récupérer les unes après les autres, et ce, selon l’adage bien connu de : « tout changer pour que rien ne change ». Ce qu’il y a de bien, avec sa méthode de construction du « grand récit », c’est qu’elle est parfaitement adaptée à son « grand récit » à lui, le documentaire « Demain » qui a fait un nombre retentissant d’entrées. Mais ce n’est qu’un film, qu’une petite pièce du puzzle destiné à former le « grand récit » final, celui qui émergera naturellement de toutes les initiatives et projets que Demain aura eu l’heur de susciter, (et qu’il a déjà suscités selon CD lui-même). Donc, au final, son « grand récit » tient plutôt de cette vieille « leçon de leadership en six mots » : « Ralliez-vous à mon panache blanc ! »

Sa méthode présente deux autres avantages. D’abord celui d’être accessible à tout le monde : chacun peut apporter sa « petite pierre » personnelle au « grand récit » collectif, ce qui est pain béni pour les prédicateurs-médiateurs de tous poils, toujours en quête d’audience. Ensuite, le résultat devant surgir de lui-même dans un avenir indéterminé, il n’y a pas de « grand récit » explicite à écrire ni même à cogiter, ni de questions à poser sur ce qu’il devrait être, et cela libère de bien des vicissitudes. « Just do it » en somme, la Providence s’occupera du reste.

Bref, tout ça n’étant pas très sérieux, (sauf pour les interviewers et intervieweuses complaisant.e.s, par exemple Léa Salamé), notre verdict est sans appel : pas question d’acheter son opuscule d’intellectuel bling-bling. Au demeurant, comme tous ces écrits qui se veulent « positifs », et vous mettent dans un monde idéal où les conflits sont escamotés comme des cartes à jouer, il est peu probable qu’il y expose le petit défaut de sa méthode qui est d’avoir pour concurrents :

  • de nombreux systèmes philosophiques dont les bases remontent au Vième avant JC ;
  • trois religions du Livre qui ont conquis des milliards d’esprits avant lui, et quantité d’autres systèmes religieux qui ne l’ont pas attendu pour faire de « grands récits » ;
  • « la science » qui, aussi maudite soit-elle, n’en fait pas moins rêver et réfléchir plus d’un, parce que c’est autrement plus intéressant que cultiver des navets sans pesticides…

 

 

Paris, le 7 juillet 2018


Illustration : « mystic-minds »

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16 commentaires sur “Le « grand récit »

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  1. Le changement s’imposera à nous. Le problème avec le réchauffement climatique et la 6ème extinction, c’est que, quand il sera « visible », quand il sera « palpable », quand on sera « obligé » de nous adapter, il sera très probablement trop tard (à cause de l’inertie du système terre).
    Conclusion ?
    Les HGM (humains génétiquement modifiés) et le géo-ingéniering seront la seule porte de sortie, d’ici 50/100 ans, peut-être avant vu que les évènements semblent s’accélérer.
    Autant dire que c’est mal barré.

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    1. Il est déjà trop tard pour tout, nous sommes bien d’accord, mais l’humanité survivra. Le problème, c’est qu’on ne peut pas savoir dans quel état, combien d’humains vivront encore à la fin du siècle. Une poignée ? Non, probablement beaucoup plus, car la décadence industrielle finira par relâcher la pression sur l’environnement, de sorte qu’on n’ira pas au bout du bout des destructions. Et la sélection naturelle fera son retour : ne survivront que les gens adaptés aux futures conditions environnementales : donc pas besoin des HGM, la nature se chargera du boulot. 🙂

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  2. L’effondrement aura lieu et un nouveau récit viendra peut-être, c’est à espérer. Il ne viendra pas des érudits. Les érudits à notre époque ne sont plus entendus, ni par les « grands » ni par les petits. Si nouveau récit il y a il ne pourra venir que du bas, car il n’y aura plus de pyramide. Plus de grands, plus de puissants.

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  3. Il y a à mon avis 1000 choses à faire pour se préparer.
    Cela est certes plus facile si vous avez des moyens financiers importants, mais c’est surtout une question de motivation et de ce que vous êtes prêt à « abandonner » en termes de mode de vie pour éviter de sombrer en même temps que le système.

    Même si je partage globalement le constat de votre post https://onfoncedanslemur.blog/2018/05/27/lanthropologie-contre-la-collapsologie/, je suis en désaccord sur quelques points.

    Le principal, c’est que l’on est capable de prévoir ce qu’il va nous arriver. Il est fort probable qu’à la fin du siècle la terre compte un peu moins que les 10 milliards d’être humain que les démographes prévoient. Il n’y a que 3 moyens de réduire fortement une population : la famine, la maladie et la guerre. Nous sommes également prévenus que nous allons affronter à court ou moyen terme des crises financières, des crises écologiques (réchauffement climatique, pollutions…), des migrations massives, des crispations inter-ethniques, des conflits commerciaux… Bref, il suffit d’ouvrir le journal pour observer.

    Par exemple, pour la Syrie, les évènements n’étaient pas imprévisibles :
    En plus des problèmes géopolitiques régionaux déjà connus des spécialistes, Mathieu Auzanneau a déjà expliqué ici (http://petrole.blog.lemonde.fr/2015/11/26/daech-le-climat-et-le-pic-petrolier-apercu-des-tempetes-parfaites-de-demain/) que le déclenchement de ce conflit avait des origines liées à la sècheresse des années 2007 à 2010 (réchauffement climatiques ?) et de la forte baisse des prix du pétrole (c.f. volatilité des prix expliquée par Jancovici https://jancovici.com/transition-energetique/petrole/quel-sera-le-prix-futur-du-petrole/). Et Olivier de Sutter nous dit dans ce podcast (https://www.presages.fr/blog/2018/olivier-de-schutter) qu’il avait averti de la grave crise alimentaire qui menaçait la Syrie plus d’un an avant le début des hostilités et que le gouvernement Syrien n’avaient pas pris en compte cette menace.

    Ensuite, on peut être certain d’une chose, c‘est que ce que cet effondrement passe par le délitement des états et/ou un basculement vers le totalitarisme, un recul des libertés individuelles, un accroissement des inégalités, des lois qui accommodes les « élites » qui cherchent à se protéger coûte que coûte et accaparent les ressources disponibles, la loi du plus fort, l’émergence de mafia… (et pas besoin d’aller chercher loin pour cela !). Tout cela est largement connu également, pour ceux qui veulent regarder du moins.

    C’est noir, mais le plus noir est de ne rien faire.
    Le bon côté, c’est qu’il y a plein de préparatifs qui fonctionnent quelle que soit la tuile qui vous tombe dessus. En tête de liste sur les 1000 choses à faire pour se préparer, je mettrais par exemple avoir un peu de cash sous l’oreiller et des passeports à jour.

    Et pour que les choses soient claires, j’entends la préparation d’abord à titre individuel, puis local puis supra-local… et non pas du haut vers le bas, car dans ce sens là vous n’aurez droit qu’à un camp de concentration.

    cdt

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  4. Un peu plus haut, je lis ce commentaire « Les sociétés préfèrent se suicider plutôt que de changer de mode de vie ». Cette phrase met des mots sur que je ressens depuis des mois, voire des années. Bien sur, je me base sur une petite quantité de personnes, mais c’est cela.

    Suggérer avec diplomatie et pédagogie de faire 3KM en vélo (à des personnes valides en bonne santé) plutôt que de prendre la voiture, c’est quasiment ressenti comme une agression, une remise en cause d’un certain mode de vie. Hors de question. Je ne parle même pas de ce qui est dans l’assiette.

    Les permaculteurs, transitionneurs et autres écologistes conscients réellement de la situation vont probablement également devoir apprendre à se défendre …

    1 ou 2 ou 3 % de personnes prévenantes et avant-gardistes ne vont pas pouvoir nourrir 97% d’inconscients.

    Je me méfie des effets de seuil qui peuvent avoir des conséquences considérables. Sur le site https://www7320.nrlssc.navy.mil/GLBhycomcice1-12/arctic.html (The HYCOM consortium is a multi-institutional effort sponsored by the National Ocean Partnership Program (NOPP), as part of the U. S. Global Ocean Data Assimilation Experiment ), on a accès à des données satellitaires qui mesure les glaces de l’Arctique.

    En 30 jours (Juin / Juillet 2018) , l’épaisseur de la glace à diminué de 50% sur quasiment toute la calotte polaire, alors que la plupart des personnes se focalisent sur la superficie. A ce rythme, je me demande ce qu’il restera en Septembre, lorsque l’on est au minimum en général.

    Ce que je veux dire, c’est que la plupart d’entre nous raisonne de façon linéaire, il me semble, alors que les données climatiques (ainsi que la démographie) vont plutôt vers des évolutions exponentielles.

    Par ailleurs, la Nasa a édité un papier ou il est indiqué (les calculs ne sont pas fournis hélas) que la fin des glaces de l’Arctique aura le même effet en terme « calorique » que tout le CO2 déjà émis par notre civilisation du fait de la diminution de l’albedo.

    C’est expliqué ici : http://www.pnas.org/content/111/9/3322 et là : https://earthobservatory.nasa.gov/images/5484

    notamment « A drop of as little as 0.01 in Earth’s albedo would have a major warming influence on climate—roughly equal to the effect of doubling the amount of carbon dioxide in the atmosphere, which would cause Earth to retain an additional 3.4 watts of energy for every square meter of surface area »

    = « Une réduction de l’albedo de 0.01 aura le même effet que le doublement du CO2 dans l’atmosphère … ect »
    Sachant que la surface de l’Océan Arctique est d’environ 4 millions de km² et la surface de la Terre de 500 millions environ donc 4/500, on s’approche dangeureusement de la réduction d’albedo de 0.01. Evidemment, cela ne concernera la première année d’un « Blue Ocean Event » qu »un seul mois (Septembre) , mais au fil des années …
    Des dizaines d’autres paramètres interviennent (jet stream, cyclones dans l’Artique, angle rayons solaires, nombre heures jour/nuit …ect ect ect), pas évident à modéliser, mais la direction c’est plutôt « Highway to Hell » ….

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    1. Il est évident qu’un monde en déclin subit deviendra forcément violent et que ceux qui auront des biens enviables – comme la nourriture pourrait simplement le devenir par exemple – devront savoir les défendre des quelques prédateurs qui émergeront parmi les 97% d’inconscients.

      Pour imaginer à quoi ce monde peut ressembler, il suffit de regarder où cet effondrement a déjà provoqué des crises importantes: Syrie, Vénézuela, Rwanda, Libye, Congo…
      Ça n’est peut être pas pour demain chez nous, mais malheureusement le risque augmente continuellement.

      Et c’est comme le reste, ça se prépare : Ce n’est pas le jour où un type s’introduit chez vous en pleine nuit avec un pied de biche que vous vous inscrivez à des cours d’auto-défense…

      Et à ceux qui se sentent bien protégés par les policiers et les gendarmes et donc ne voient pas d’intérêt d’apprendre à se défendre par eux même, analysez le comportement des « forces de l’ordre » dans les pays précédemment cités.

      cdt

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  5. Pourtant les initiatives foisonnent, certes souvent maladroites et imparfaites mais en tout cas cherchant à s’extirper du modèle consumériste suicidaire dominant et tendre vers du low tech faible empreinte. Et c’est en faisant que l’on comprend ce qui fonctionne ou pas et que l’on peut ensuite communiquer aux autres le fruit de ses expériences voir susciter de nouvelles idées. C’est comme ça que ce récit est DEJA en train de se construire – en partant de la base donc. Et pas besoin de Cyril Dion pour cela.

    Selon moi, il y a 2 raisons principales pourquoi il est difficile de populariser ce fameux récit. La première, c’est que c’est aujourd’hui impossible de le définir précisément (Par exemple on pensait hier que les énergies renouvelable était la panacée et on se rend compte que finalement non). La seconde est que quand bien même on saurait le décrire précisément, on sait que ça ne serait pas vendeur à la grande majorité des zombies qui composent notre société (le fameux retour à la bougie qui effraie tant) – dommage car cela peut être source de bonheur et d’enrichissement.

    Pour compléter, je déterre l’un de vos premier post : https://onfoncedanslemur.blog/2017/10/03/motivations/
    Vous n’êtes pas le seul à avoir compris qu’il n’y a aucune solution au problème posé. Les sociétés préfèrent se suicider plutôt que de changer de mode de vie.

    Mais je reste convaincu qu’il vaut mieux que l’embryon d’une nouvelle société basée sur ces paradigmes émerge maintenant, pendant que l’environnement est encore clément chez nous – et permette les erreurs sans quelle soient fatales – plutôt que d’attendre de n’avoir plus le choix et subir de plein fouet, sans droit à l’erreur.

    Il m’apparait évident que ces pionniers, quand bien même ils en prendront plein la gueule comme tout le monde, auront bien plus de chance de figurer parmi les survivants que vous évoquez – si survivants il y a évidemment – que les insouciants et les attentistes.

    C’est probablement eux qui écriront le futur.

    En tout cas chacun sa stratégie pour affronter cet effondrement !
    Et bonne chance à vous.

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  6. Bonjour,

    Je pense que vous lui faites un mauvais procès!

    – Je ne sens pas chez Cyril Dion la volonté de devenir un gourou, mais uniquement d’apporter sa contribution à la résolution d’un problème qu’il a maintenant bien compris (il a par exemple fait amende honorable sur un certains nombre de « solutions » présentées dans son film « demain », en particulier sur les énergie vertes et la croissance verte),

    – Il a le mérite participer à la popularisation du phénomène d’effondrement dont nous sommes victimes mais aussi ACTEURS; Tout ce qui peut infléchir le model consumériste promu par les mass média est bon à prendre, même si certaines propositions peuvent-être maladroites.

    – Faire référence à des religions qui prête à un être suprême toutes les calamités ne me parait pas opportun pour aborder une problématique ou au contraire chacun devrait être acteur pour espérer une réponse correcte. Le fait d’avoir Le grand récit présenté par Cyril Dion, engageant chacun et tout le système par effet boule de neige me parait au contraire très pertinent ; à part une dictature verte à l’échelle planétaire, c’est la seule chose qui pourrait nous sauver. Il est juste trop tard et complément illusoire que ce grand discours puisse se diffuser et être efficace dans le temps qui nous est imparti.

    – Il faut garder à l’esprit que de toute façon nous allons affronter des épreuves terribles au cours des 2/3 décennies à venir. Le mieux que chacun puisse faire maintenant est essayer d’en atténuer les effets et gagner en résilience. Plus de personnes se seront engagées, meilleurs seront les chances de chacun d’y faire face.

    Je ne vois pas l’intérêt de se tirer dessus entre nous, il y a suffisamment à faire (et personne n’a la science infuse ni n’est exemplaire, en particulier sur ces sujets)…

    cdt

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    1. Merci pour votre réponse circonstanciée mais elle ne me fera pas changer d’un iota. « chacun devrait être acteur » : discours moralisateur que je m’escrime à réfuter sur ce blog. Sur le fond, Cyril Dion a raison, il faudrait un « grand récit », (il n’est pas le premier à le dire), mais sûrement pas selon sa méthode des « petites mains » qui verraient leurs efforts converger. Ce billet explique pourquoi c’est une fadaise. Alors, qu’il parle devant les micros, je n’ai rien contre, mais pour dire des choses sérieuses, sinon c’est normal qu’il se ramasse des critiques.

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      1. Je ne vois pas en quoi ce qu’il dit n’est pas sérieux. Il montre une bonne direction, qui certes ne sauvera pas tout le monde vu l’inertie du système et la course contre la montre à laquelle nous faisons face, mais a au moins le mérite d’inciter chacun d’améliorer sa résilience (et si suffisamment de personne s’y mettent, la résilience globale de la société) ; Il est peut-être moralisateur, mais d’un autre côté, il y a des claques qui se perdent 🙂 Ce n’est pas comme si aujourd’hui, on ne savait pas! Par ailleurs la vision proposée est souhaitable (d’un point de vue de la liberté personnelle, du bonheur….) ; même si cela ne résout qu’une infime partie du problème, il ne force personne.

        La seule autre direction capable de prendre à ras le corps ces problèmes qui nous occupent, étant à mon avis une dictature verte, qui imposerait, à l’échelle de la planète, des mesures de sauvegarde environnementale et de restriction des minéraux & ressources énergétiques (sauf bien sûr pour les élites dirigeantes :-)).

        Vous semblez prôner une « solution » venant du haut ; Peut-on en conclure que c’est cette option qui vous parait pertinente?

        Personnellement, je ne crois pas un instant que l’ensemble des dirigeants de la planète puisse s’accorder sur ce genre de chose, les intérêts étant tellement divergents (c.f. COPxxx) et la résistance des peuples serait tellement forte que le changement nécessiterait une violence inouïe? Comment diviser le niveau de vie de tous les occidentaux par 10 en douceur?

        note : J’écarte les « solutions » technicistes genre développement durable, fusion nucléaire, géo-ingénierie…car elles, sont plus qu’incertaines et surtout terriblement démobilisatrices – Pas besoin de faire quoi que ce soit, la Science nous sauvera!! – alors que le processus d’effondrement est déjà engagé (et même bien avancé).

        cdt

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      2. Pourquoi il n’est pas sérieux ? L’argument principal est vers la fin du billet : « le résultat devant surgir de lui-même dans un avenir indéterminé, il n’y a pas de « grand récit » explicite à écrire ni même à cogiter, ni de questions à poser sur ce qu’il devrait être, et cela libère de bien des vicissitudes. « Just do it » en somme, la Providence s’occupera du reste. »

        On peut parler (de la nécessité) d’un « grand récit », mais pas comme de quelque chose susceptible de se réaliser effectivement, et encore moins en partant du bas, en misant sur une convergence ou quelque chose de ce genre. Les vrais grands récits qui jalonnent l’histoire humaine ont été faits par des érudits, et leur mise au point a pris des siècles.

        Si un grand récit radicalement nouveau émerge un jour, ce ne pourra être qu’après l’effondrement, quand les survivants se redonneront un avenir, quand ils réinventeront le « progrès ». Cf. le billet « L’Iran à court d’eau » (https://onfoncedanslemur.blog/2018/05/14/liran-a-court-deau) qui montre l’opposition flagrante entre l’ère moderne et l’Antiquité en ce qui concerne la gestion de l’eau. (Chercher « canat » dans le billet en lien pour voir de quoi il est question.)

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