Comprendre les « réserves prouvées »

Ayant posté « La dernière goutte » dans un commentaire sur FB, un petit malin nous a répondu que notre billet comportait « beaucoup d’inexactitudes » et nous priait de faire attention, ce qui n’a pas manqué de susciter notre irritation. Lui ayant expliqué que notre source était cette vidéo de Jancovici, et qu’il confondait incertitude avec inexactitude, il a persisté dans sa négative attitude et, « mettant les pieds dans le plat » selon ses dires, a finalement conclu que Jancovici est « carrément faux ». Rogntudjuu ! Voilà qui mérite un petit éclairage, sans faire sauter les plombs.

Ce billet sur le pétrole avançait deux chiffres : une consommation mondiale sous-estimée de 30 milliards de barils par an, (actuellement on en est à 33), et un « stock mondial restant » de 1000 milliards de barils en 2012, calculé à partir de la vidéo où Jean-Marc Jancovici avance deux chiffres :

  • Le cumul des découvertes annuelles, 2200 milliards de barils.
  • Le cumul des productions annuelles, 1200 milliards de barils.

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Avec des « réserves prouvées » qui s’élèvent à « 1600 milliards », (un chiffre que l’on retrouve approximativement sur le Net, par exemple Index Mundi et Wikipédia), il peut sembler que Jancovici se plante de 600 milliards.

Les réserves prouvées

Dans ce billet de 8600 mots, il dit tout sur les « réserves prouvées » et en donne une définition précise, mais ce résumé est plus simple : « rappelons qu’une réserve prouvée n’est pas la totalité du pétrole contenu dans le réservoir, ou le gisement, mais juste l’évaluation qui est faite de la fraction qui sortira de manière certaine, et que cette information est indissociable de la date à laquelle elle est faite ». Mais la définition ne dit pas que ces chiffres proviennent des compagnies elles-mêmes qui ne sont pas tenues de dire la vérité.

Pour s’en faire une idée concrète, rien de tel que l’exemple de l’Arabie Saoudite. Ci-dessous à gauche, sa production de 1965 à 2012 en milliers de barils par jour, et à droite, ses « réserves prouvées » qui restent scotchées à 250 milliards.

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Graphes de Jancovici : « Qu’est-ce qu’une réserve de pétrole ? »

Jancovici explique ainsi la subite augmentation de 1988 : « au moment où le prix du pétrole était au plus bas, il fallait pouvoir vendre plus de pétrole pour continuer à gagner autant d’argent. Comme, pour les pays de l’OPEP, les « droits d’exportation » sont proportionnels aux réserves prouvées, la seule manière d’augmenter rapidement les exportations est d’augmenter rapidement les réserves prouvées. »

Il n’y a pas d’exemple plus évident du caractère arbitraire des « réserves prouvées », qui sont donc à peu près tout ce que l’on veut sauf… prouvées ! Concrètement, ce sont des déclarations, du verbe déclarer qui signifie : « manifester de façon claire, faire connaître », « fournir des renseignements aux autorités d’un pays ». Elles ne sont en aucun cas une mesure ou un calcul de ce qui reste dans le sol, même si elles en procèdent, et elles ne sont « certaines » que relativement aux réserves dites « probables » et « possibles ».

En parlant simplement de « réserves », et non pas de « réserves prouvées », Jancovici parle d’une autre chose que ces déclarations. Nous ne savons pas d’où viennent ses chiffres, mais nous devinons que les découvertes sont fournies par les géologues, et la production par des organisations internationales. Les deux sont entachés d’incertitude, mais il n’est pas possible de faire mentir leur évolution. La découverte d’un petit milliard de barils au large des Comores se situe d’ailleurs tout en bas de la courbe verte de la vidéo. Enfin, si de grosses découvertes dans l’Arctique en venaient un jour à changer la donne, il sera toujours temps de changer cette courbe, et de réévaluer ces « réserves » mondiales qui, de toute façon, resteront à jamais impossibles à « prouver ».

Paris, le 8 juin 2018


Illustration : « Bon anniversaire, Gaston Lagaffe ! »

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Un commentaire sur “Comprendre les « réserves prouvées »

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  1. Vous êtes des sacrés menteurs, qui défendent leur paranoïa écolo débile. On a entre 30 et 50 ans de pétrole prouvé, sans parler des nouvelles découvertes, les océans m’ayant pas été explorés!

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