Le striatum de tous les délires

Satanés déterminismes, ils nous en font voir de toutes les couleurs !

23 juillet 2022 – 900 mots.


Un team de scientifiques a remis Bohler sur le tapis dans une tribune du Monde, mais pour le dézinguer comme Thibault Gardette l’a déjà fait. Ces braves gens ne disent pas que des conneries, certes et heureusement, mais il en suffit d’une pour vous rendre fou, et celle qu’ils répètent à nous en faire péter les plombs est particulièrement moisie.

Déterminismes et liberté

Est en cause ce dinosaure philosophique selon lequel, si un être est « déterminé » par un « déterminisme », alors il n’est pas « libre ». Le paradigme de ce principe est celui des planètes qui orbitent autour d’une étoile : soumises à la loi de la gravitation, leurs trajectoires sont entièrement déterminées à l’avance, cela se calcule et se vérifie très bien, et ne laisse pas le moindre choix aux dites planètes. Donc, si on se compare à elles sur la base de ce principe, alors, pour elles comme pour nous, c’est « ferme ta gueule et cours ! »

Dans la nature, il n’y a que ça, des « déterminismes », mais selon nos observations, ils n’ont jamais privé quiconque de sa « liberté ». Un exemple entre mille : les plantes sont les plantes parce qu’elles ont inventé la photosynthèse, un phénomène qui consiste à exploiter des déterminismes physico-chimiques pour capter l’énergie solaire. Même chose avec les oiseaux : ils sont ce qu’ils sont parce qu’ils ont inventé l’art et la manière de jouer avec la mécanique newtonienne pour s’affranchir de la pesanteur. Et les humains sont huit milliards sur cette maudite planète parce qu’ils ont court-circuité un déterminisme pourtant implacable : la sélection naturelle. De manière générale, les êtres vivants font mentir la loi ultra-fondamentale de l’entropie : le pourraient-ils s’ils n’étaient pas « libres » par rapports aux déterminismes physico-chimiques ? Alors fuck off les déterminismes ! Ils existent, il sont là et il faut en tenir compte, mais ils n’ont jamais empêché personne de vivre, d’agir ni de créer. 

Voilà des décennies que cette histoire de « déterminisme » nous fout la rage, car on en est venu, par négligence et habitude, à en parler presque exclusivement comme d’une espèce de relation de cause à effet qui se présente ainsi :

déterminisme ==> non-liberté

Elle a été pondue un beau matin par on ne sait qui, et depuis lors tout le monde la reprend bêtement et n’importe comment, sans savoir exactement de quoi il est question. C’est le cas de Sébastien Bohler qui fanfaronne avec son striatum, genre : « Hey les gars ! Regardez un peu c’qu’on a découvert dans not’ cerveau ! C’est dingue ! Figurez-vous qu’un déterminisme nous pousse à détruire la planète ! » Mais c’est le cas aussi de ses contradicteurs qui, horrifiés par ce qui nous attend si ce « déterminisme » existait vraiment, veulent à tout prix prouver qu’il n’existe pas, alors qu’on ne sait même pas de quoi il retourne. (Quand il faut un bouquin grand public pour « prouver » qu’un « déterminisme », jusque alors inconnu, existe quelque part, c’est généralement que son auteur l’a inventé dans son sommeil, mais bon…) Dans ce débat à la Clochemerle, chacun interprète les « faits scientifiques » à sa guise, à commencer par les scientifiques eux-mêmes, et l’on n’en voit aucun faire référence au moindre philosophe pour déterminer les mots employés. Et aucun n’attaque le fond du problème, l’essentiel qui consisterait justement à questionner notre « liberté » face aux « déterminismes ».

La question de fond, à laquelle nous n’avons aucune réponse sérieuse ni définitive, est la suivante : comment peut-on être « libre » malgré les « déterminismes » ? Une réponse partielle consiste à dire qu’ils ne peuvent pas empêcher la création, laquelle provient de rencontres hasardeuses. Par exemple, il paraît qu’à l’origine de l’œil chez les poissons il y aurait un gène qui servait à la photosynthèse chez un végétal. Une fois récupéré par les poissons, il leur a servi à capter la lumière, mais pour un usage évidemment nouveau : c’est en ce sens qu’il y a création. Aucun « déterminisme » ne peut empêcher le possible de se réaliser, ici sous la forme d’un gène capté par une espèce à laquelle rien ne le destinait. 

Responsabilités

C’est devenu le dernier mantra à la mode : l’individu est responsable de l’état de la planète. On n’a rien contre ça, notez le bien, car ce serait génial si c’était vrai, mais la réalité montre que ce n’est pas encore le cas, nous sommes loin du compte. Pour l’heure, l’individu lambda n’est responsable que de ses actes et que devant la loi, pas devant les générations futures, et celles-ci n’auront probablement rien à cirer de leurs ancêtres, comme c’est déjà le cas aujourd’hui. Ce qui nous débecte dans cette histoire n’est pas le mantra lui-même puisqu’il est logique et judicieux, c’est de constater que personne ne mesure son caractère vertigineux, ni ne semble avoir conscience qu’il s’agit bien d’un mantra, une « formule sacrée du brahmanisme qui possède, associée à certains rites, une vertu magique ». Fin de ce thème, pas le courage de le développer comme le précédent.

Communiqué de la Rédaction

La Rédaction d’Onfoncedanslemur informe ses lecteurs et lectrices, – qu’elle remercie chaleureusement de leur précieuse fidélité, bisous à toutes et tous -, elle les informe que les billets vont s’espacer dans le temps, parce que votre serviteur a trouvé un autre sujet à traiter. 

Elle les informe aussi qu’elle dispose, grâce au courage et l’abnégation d’un pote et de son papa, de la version intégrale de 5 articles du Monde traitant de la polémique ci-dessus exposée, ce sont :

Tout ça est disponible à cette adresse Dropbox : https://www.dropbox.com/sh/od2fg5iidk0kvy1/AACJMRSX_stMSO8yTymYzkwaa?dl=0


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Permalien : https://onfoncedanslemur.wordpress.com/2022/07/23/le-striatum-de-tous-les-delires/

3 commentaires sur “Le striatum de tous les délires

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  1. Vous nous manquez Didier !! J’espère que tout va bien pour vous et que vous continuez à vous enthousiasmer pour la dystopie dans laquelle nous nous sommes tous retrouvés.

    Aimé par 1 personne

    1. Bonjour Marat, merci infiniment pour votre témoignage de fidélité et de sympathie. Ayant épuisé le sujet d’écriture (100% personnel) qui m’avait fait abandonner le blog, je pourrais revenir, effectivement, j’y pensais ce matin. Et pour ne rien vous cacher, je m’ennuie aussitôt que je n’ai rien à écrire. Alors je vais peut-être m’y remettre. Ce n’est pas une promesse, seulement une possibilité, mais si cette possibilité se réalise, alors vous y serez pour quelque chose, car votre petite intervention m’y encourage vivement. Encore merci.

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