Face à la calamité de l’ambassade américaine désormais à Jérusalem, fêtée dans le sang et le champagne, nous ne ressentons pas seulement la colère mais aussi l’humiliation que le système nous inflige. Notre propre réalité est celle du spectateur impuissant dans un théâtre qui inverse celui de Guignol : ses acteurs ne sont pas des marionnettes mais des gens comme nous qui ne se relèvent pas après les coups de feu, et à la fin c’est toujours le méchant qui gagne.
Mais il y a bien pire. Alors que le christianisme, (dans lequel s’inscrivent les Américains, faut-il le rappeler), nous a enseigné à dispenser le pardon, à pratiquer l’humilité et tendre l’autre joue, les juifs d’Israël nous montrent ce qu’ils en pensent, eux, du messianisme chrétien et toutes ses calembredaines ! Les finasseries diplomatiques ne sont pas pour eux, ils ont choisi de vivre sur le pied de guerre, et, loin de s’en inquiéter comme ils le prétendent, ils s’en font une joie de vivre. Ce sont eux les plus forts, ils le savent et s’en régalent.
Ils ont pris des risques en s’installant en terre déjà occupée, et maintenant ils en récoltent les fruits. Ils calculent juste, les bougres, il faut bien le reconnaître. Parce que leurs calculs ne s’encombrent ni de morale, ni d’émotions ni de ces « droits de l’homme » dont ils n’ont que faire, sinon les exploiter à leur profit. Bien qu’il y ait en Israël une opposition politique comme dans d’autres pays, l’ensemble de la population est derrière son gouvernement parce que celui-ci n’a pas à manier l’hypocrisie comme dans nos contrées. Les Palestiniens sont pour eux des intrus à éliminer, alors ils les éliminent : c’est pas un problème, c’est la solution, finale elle aussi.
Ainsi peut-on voir sur toutes les télés du monde des soldats israéliens tirant « à la carabine » sur des Palestiniens, c’est-à-dire comme à la foire. Sans vergogne. Tranquilou. Alors que nous les pensions terriblement angoissés par des « terroristes » à tout moment capables de leur balancer des « roquettes » qui « menacent » leur « sécurité », nous constatons avec étonnement qu’ils baignent « nos valeurs » dans le sang, tandis que Netanyahu et Trump les célèbrent au champagne : double camouflet pour la France, patrie des « droits de l’homme » et du champagne.
Et nous constatons, avec plus d’étonnement encore, que ces « valeurs », que nous brocardons volontiers pour leur hypocrisie quand elles s’étalent dans la presse, sont en fait au cœur de nos convictions. Nous y croyons, tout compte fait. Nous y croyons dur comme fer. C’est bien la paix et la justice que nous souhaitons pour les Palestiniens, pas la guerre, le conflit, les spoliations, les vexations, toutes ces choses qui étaient normales du temps des Romains, vous savez, cette époque antique où les vainqueurs avaient tous les droits et les vaincus aucun, où un grand chef comme Vercingétorix était condamné à l’humiliation avant élimination. Après deux millénaires de « valeurs chrétiennes » nous pensions cette époque révolue, et elle l’est effectivement pour nous, mais ce n’est manifestement pas le cas de tout le monde.
Il est peu probable que le système change quoique ce soit au lent génocide des Palestiniens. Mais leurs auteurs de l’emporteront pas au paradis. Si notre pessimisme ne ment pas, la région deviendra invivable à cause du réchauffement climatique et d’une gestion calamiteuse de l’eau : car sa surexploitation a des effets régionaux qui ignorent les frontières (et les murs).1 Aujourd’hui les Israéliens dansent, les Palestiniens tombent sous les balles, mais pendant ce temps l’eau se perd et les déserts avancent…
Paris, le 15 mai 2018
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quoi tu aimes pas les compliments 🙂
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J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de flâner sur vos pages. Une belle découverte. blog très intéressant et bien construit. Je reviendrai. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir
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Arrêtes avec ta pub, ça commence à gonfler.
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