Ce titre iconoclaste trouve sa justification à la fin du billet, pas de négationnisme ici.
Commençons par une anecdote : le réchauffement climatique était déjà connu en 1912 ! La coupure de journal ci-contre, qu’un internaute a génialement postée sur Facebook, dit ceci :
« Les fours dans le monde brûlent maintenant 2.000.000.000 de tonnes de charbon par an. Quand ce charbon est brûlé, se combinant avec l’oxygène, il ajoute annuellement 7.000.000.000 de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Cela tend à faire de l’air une couverture plus efficace pour la terre, et à augmenter sa température. L’effet dans quelques siècles peut être considérable. »1
Pour situer le contexte, rappelons que le premier ordinateur électronique date de 1943, et qu’au début du XXième le gratin des scientifiques s’intéresse plus à la révolution quantique qu’à la physique de l’atmosphère, et le grand public à la relativité d’Einstein qui bouleverse la notion de temps. On parlait donc de fours à l’époque, probablement à cause de la sidérurgie et ses hauts-fourneaux, et pas encore d’effet de serre mais de couverture, une métaphore plus parlante. La dernière phrase n’a rien pour surprendre, car l’existence du RC au départ ne pouvait être qu’une vague idée théorique. Aujourd’hui, elle laisse à penser que le RC est depuis ses origines « plus rapide que prévu », puisque, en un siècle « seulement », il est passé d’effet théorique à menace numéro un, puis à urgence planétaire. Pour les esprits honnêtes, le doute n’est plus permis : il faut « passer à l’action », mais cela soulève une foule de problèmes.
Une lectrice perspicace nous a perfidement (😉) fait remarquer que notre position à ce sujet était contradictoire : d’un côté l’urgence climatique exige de « tout arrêter » et de passer à l’action, de l’autre, l’humanité étant dans une impasse, il n’y aurait plus qu’à attendre. La nécessité d’agir est une conséquence logique de l’annonce du RC, une logique inscrite dans la biologie des êtres vivants qui, dès lors qu’ils perçoivent une menace, s’en protègent d’une façon ou d’une autre, ils ne se laissent pas manger tout cru sans rien faire. Dans le cas du réchauffement climatique, le seul moyen d’échapper à cette logique, (qui relève finalement du « bon sens »), est de nier son existence ou qu’il représente une menace actuelle. C’est pourquoi personne ne comprendrait qu’une catastrophe s’avance et qu’on ne fasse rien. Il est donc logique de faire quelque chose, mais la réalité n’obéit pas à la logique, elle vérifie simplement la sentence de Shakespeare.
Dans le cas du réchauffement climatique, l’action doit limiter les dégâts futurs, mais cette affirmation repose sur la seule logique attestée par les scientifiques : moins de CO2 dans l’air implique moins de réchauffement à l’arrivée. Cette logique ne parle ni de notre capacité à réduire les émissions, ni de l’ampleur des dégâts avérés. Or, l’on constate qu’incendies, sécheresse et déforestation sont en train de détruire les forêts à grande vitesse, que les glaces en Arctique fondent « plus vite que prévu », et que la réduction des émissions n’a même pas commencé. La Chine et l’Inde, (mais pas seulement), continuent de construire des centrales à charbon, des présidents aussi influents que Trump et Bolsonaro nient le réchauffement climatique, et les médias torpillent le débat public. Pour l’heure, la lutte pour le climat semble fonctionner si l’on considère que transition énergétique, énergies renouvelables et véhicules électriques sont sur les rails : mais pendant combien de temps l’illusion va-t-elle tenir ? Il y a tout lieu de craindre que cette lutte ne subisse le même sort que celle pour les droits de l’homme ou pour l’environnement, car elle n’existe vraiment que sous forme législative, donc « sur le papier ». (Les ENR ne sont qu’un bonus au niveau mondial.) Chacun s’engage à réduire ou « compenser » ses émissions mais, bon an mal an, elles continuent d’augmenter, car il ne s’agit pas d’entraver le développement, ni de faire peser un fardeau trop lourd sur les pauvres petites multinationales laborieuses. (Cf. « Neutralité carbone : la quête du Graal »)
Ces constats nous ramènent à la contradiction relevée par notre lectrice. L’action étant logique sur le papier mais plus qu’insuffisante sur le terrain, à quel saint se vouer ? La réponse est très simple : les optimistes consulteront la carte, (notamment l’Accord de Paris), les pessimistes le territoire, et chacun trouvera chaussure à son pied. Sur ce blog, qui ne s’appelle pas On fonce dans le mur pour des prunes, c’est bien sûr le terrain que votre serviteur prend en considération. Les optimistes ont fondamentalement tout faux parce que la lutte pour le climat n’a jamais pris la bonne direction, et ce, principalement à cause du fait que personne n’a jamais estimé ses vrais enjeux, (les énormes difficultés à surmonter). L’on se scandalise volontiers à l’idée que « on savait mais on n’a rien fait », (comme si on avait laissé impuni un crime bien connu), mais personne ne regarde le terrain et se pose la question : que faut-il pour passer à l’action ? Il est évident que des alertes, même solennelles, retentissantes et répétées, ne peuvent suffire. Dans le cas du RC, ce qu’il faudrait faire est gigantesque, car le « problème », venant de l’humanité elle-même, implique qu’elle change son « modèle de développement ». Est-ce le genre de choses auxquelles on parvient par des mesures législatives ?
L’Accord de Paris
Voici maintenant la réponse de Loïc Giaccone à un internaute qui avait raillé Jean-Marc Jancovici sur Facebook au sujet de l’Accord de Paris.
« Bonjour, l’Accord de Paris n’est pas une Silver Bullet que l’on sort de son chapeau et qui règle le problème instantanément. Son succès dépend et dépendra des efforts fournis par tous les pays qui l’ont ratifié, et ce au cours des prochaines années et décennies. En particulier, la société civile a un rôle fondamental à jouer puisque c’est elle qui peut mettre la pression sur les dirigeants des Etats afin qu’ils prennent les mesures adéquates (c’est notamment ce que tentent de faire les « procès climatiques », le « mouvement climat » et bien d’autres formes de mobilisation). C’est dans l’essence même de son architecture, et le seul moyen d’avoir réussi à obtenir la signature d’autant de parties. C’est pour cela que Laurence Tubiana parlait de « prophétie auto-réalisatrice« .
Par conséquent, à l’inverse, si l’on part du principe que l’Accord « ne sert à rien », « ne marchera pas » ou « n’a aucune portée » comme on peut désespérément le lire sur ce post (ce qui manifeste surtout une grande méconnaissance des négociations internationales et des politiques climatiques), eh bien forcément, oui, il est certain que ce sera un échec. Mais ce sera parce qu’on aura rien fait, pas parce parce qu’il était « foutu d’avance » (ce dont personne n’a idée).
Et comme « chaque dixième de degré compte« , il est largement préférable de tenter de faire respecter l’Accord, même si on aboutit à un dépassement des objectifs : il sera moindre que si l’on ne fait absolument rien. »
Ce beau plaidoyer comporte une grosse lacune dans la phrase soulignée, à savoir les multinationales. L’on ne peut pas reprocher à Loïc Giaccone de n’avoir cité que deux acteurs, la société civile et les États, car ce sont les seuls concernés par la page Facebook de Jean-Marc Jancovici. Mais il n’empêche que le poids du troisième larron, autrement plus difficile à influencer, est indéniable. Le site Les-Crises vient de publier un article au titre un peu bizarre : « les pétroliers ont massacré le climat en connaissance de cause ». En plus d’avoir menti et fait du lobbying, les pétroliers ont dissimulé les résultats de leurs propres recherches dans les années 80, et Shell s’est justifié en disant que : « c’est aux États et aux consommateurs d’assumer la « charge principale » de la lutte contre les changements climatiques, et non à l’industrie de l’énergie ». Il en résulte un « alignement » surprenant entre Monsieur Giaccone et la Shell, alors qu’on ne peut pas soupçonner le premier d’être à la solde de la seconde : ce sont évidemment les pétroliers qui mentent, et chacun devine pourquoi.
Sachant cela, on peut apprécier le rôle que n’ont pas joué les compagnies pétrolières, les plus grosses multinationales de l’époque et les mieux placées : mettre leur poids dans la balance, et ainsi conférer au réchauffement climatique une importance considérable et incontestable. Elles pouvaient (théoriquement) faire autorité, entraîner leurs consœurs internationales et le gouvernement américain, toucher les élites, financer d’autres études, etc. Tout cela n’ayant pu advenir, (puisqu’elles ont pesé très lourd mais sur le mauvais plateau), le réchauffement climatique dans la société est quasi inexistant. Pour comprendre cette idée, il faut penser au temps qui est au contraire omniprésent, et cela va nous permettre de conclure sur une nouvelle ironie de l’Histoire : pour d’éminents spécialistes de la relativité, le temps n’a pas d’existence physique !…
Paris le 25 août 2020
1 Le chiffre de 7 milliards de tonnes de CO2 correspond effectivement à 2 milliards de tonnes de carbone, le rapport exact est 3,67. Notons qu’on a émis 43 milliards de tonnes de CO2 en 2019, et que les émissions annuelles vont encore grimper, au moins à court terme.
Illustration : « Le réchauffement climatique, catalyseur des feux de forêt »
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