Podcast : L’effondrement de l’empire humain 

Transcription à 50% d’un podcast de la chaîne Homo Ethicus, par Jean Burgos, sur le site Imago.

Note : les critiques et commentaires reproduits ici sont ceux de l’orateur et ont été fortement résumés.


2’10 Présentation du sujet

Recension du livre : « L’effondrement de l’empire humain », de Manon Commaret & Pierrot Pantel, aux éditions Rue de l’échiquier.

Recueil d’entretiens avec dix penseurs de l’effondrement : Pablo Servigne, Jean Jouzel, Nicolas Hulot, Nicolas Casaux1, Derick Jensen, Yves Cochet, Arthur Keller, Vincent Mignerot, Caroline Becker (psychothérapeute américaine), Isabelle Attard (EELV).

4′ Définition de l’effondrement

Yves Cochet : besoins de base ne sont plus fournis à des prix accessibles par des services encadrés par la loi.

+ crise écosystèmes

+ dérèglement climatique

+ épuisement des ressources

5′ Jean Jouzel

Ne pas être catastrophiste :

« La réalité est déjà assez difficile, 3 ou 4° en plus c’est déjà pratiquement impossible à vivre, sans même parler d’effondrement. Il faut bien comprendre qu’on va dans le mur, il faut tout faire pour l’éviter, mais il n’y a pas besoin de catastrophisme. »

Critique : mais peut-être n’a-t-on pas été assez catastrophiste…

6’20 Pablo Servigne

On reproche à la collapsologie son fatalisme. Tout serait déjà écrit. Il ne reste plus qu’à se préparer. Servigne est parfois plus nuancé :

« De là à dire que c’est inéluctable, je ne franchis pas le pas. Nous avons l’obligation d’imaginer de nouveaux horizons, de trouver le courage d’agir, et parfois de garder l’espérance. »

7’11 : L’effondrement comme une chance.

« Notre vie future, surtout s’il y a des catastrophes, sera riche à la fois intérieurement et politiquement, c’est certain. »

Critique : la société se crispe de plus en plus, les tensions s’exacerbent. En cas d’effondrement, il y aurait des crises encore plus graves. Dans des pays déjà « effondrés », comme le Congo ou le Soudan du Sud, la vie n’a rien d’une réjouissance.

8’15 : L’effondrement comme source de sagesse.

« Pour moi l’effondrement peut être source de sagesse. »

Critique : tout peut être source de sagesse.

Suit la critique de l’essentialisme de son discours à tendance spirituelle.

9’33 Arthur Keller

10’12 : Est dans la colère.

« J’ai en moi une colère profonde, colère face à nos aveuglements collectifs, et notre propension à la brutalité crasse. Colère parce qu’une frange de l’humanité a réussi, à force d’avidité psychopathologique, à acculer l’ensemble du vivant dans un cul de sac funeste. Colère vis-à-vis de certaines attitudes primaires de mes contemporains, la revendication d’une soit disant liberté de faire n’importe quoi, sans limites ni soucis des conséquences, une propension à l’indifférence et une volonté affirmée d’insouciance. Colère à cause de ce tropisme anthropocentrique insensé qui nous a conduit à tout détruire ou tyranniser sans nous émouvoir plus que cela. »

Commentaire : la colère est plus motivante que l’amour selon Pablo Servigne, et la joie selon Spinoza.

11’25 : changement de civilisation

« Rien de moins qu’un changement complet de civilisation ne pourra résoudre quoique ce soit. C’est le comportement même des hommes vis-à-vis de la nature, de ses ressources et de ce qui y vit qu’il faut réformer. Tant que l’être humain se complaira dans une posture matérialiste et une dialectique utilitariste, son voyage n’aura qu’une destination possible : l’extinction de masse. »

Critique : passage intéressant même s’il confond et mélange tous les humains alors qu’il ne devrait parler que de la civilisation industrielle en Occident.

12′ : ne croit pas à un changement des sociétés

« L’arrivée de l’effondrement ne peut éventuellement être considéré pour une bonne chose pour le vivant que dans un cas, celui où les populations auront été préparées à gérer les défis à venir en se serrant les coudes et où des résiliences territoriales assurant une vie décente pour tous auront été organisées. »

13′ : radicalisation ?

« L’heure est plus venue pour chacun d’entre nous de choisir son camp : s’engager pour préserver le vivant, ou collaborer avec les forces de mort. L’entre-deux, la non-application [?] n’est plus une neutralité. La civilisation actuelle foule aux pieds la vie sur Terre et l’avenir, car c’est une guerre, ne nous y trompons pas. La part de l’humanité qui comprend l’impératif de protéger la nature doit affronter l’autre part, celle qui a déclaré la guerre au vivant. Cette dernière a eu mainte fois l’occasion de dialoguer en bonne intelligence, mais s’est toujours montrée incapable de changements, ou non digne de confiance. Aussi le temps n’est plus à tenter des ententes amiables manifestement stériles, il faut se lever et s’investir. »

14’25 : conclusion de l’entretien

« Une partie de l’humanité est devenue totalement cinglée, et l’autre partie s’en désintéresse avec une effarante lacune de cerveau, de cœur et de tripes. On écrase la nature d’un côté, on revendique son droit à chasser, à pêcher, à exploiter toujours davantage de l’autre. Il est temps de se lever et d’aller s’interposer entre le baleinier et la baleine, entre le bulldozer et la forêt, entre le spéculateur et les communs, entre le néolibéral et le service public, entre le canon et la foule. Les forces de vie doivent s’activer. »

15′ Vincent Mignerot

Le capitalisme n’est pas responsable.

« Le capitalisme est un outil extrêmement performant, mis en œuvre et développé depuis plusieurs siècles, mais qui ne change rien à la cause de notre problème, à savoir : la satisfaction des besoins alimentaires, de santé et de sécurité du plus grand nombre possible d’êtres, tout en repoussant les limites des contraintes du cadre naturel. »

Critique : le capitalisme ne répond pas seulement aux besoins de base, il crée une myriade de besoins inutiles, et favorise le consumérisme, ce qui contribue à la destruction des écosystèmes. Le capitalisme n’est pas l’unique problème, mais c’est un problème majeur.

17’07 Perte de sens

« La perte de sens, c’est l’incapacité à convertir les émotions en formes, en représentations intelligibles et verbalisables. La destruction et l’effondrement induisent en eux-mêmes une perte de sens. »

18’45 Les villes seront protégées en priorité en cas d’effondrement

« Les métropoles sont les lieux qui, après les riches, l’armée, la défense, l’administration, la police, l’État lui-même, ces lieux seront donc protégés en priorité. Cela se vérifie d’ailleurs au Bangladesh où la catastrophe climatique ne freine pas l’exode rural. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les gens préfèrent mourir en ville, voire dans des ghettos, plutôt qu’à la campagne. »

Critique : ceci est faux. Il mélange deux choses : d’une part un exode rural, (pour trouver un emploi), d’autre part le fait qu’en situation de crise les gens cherchent à retourner en milieu rural.

20′ Nicolas Casaux

Il cite Miguel Amorós :

« En l’absence d’un mouvement social organisé, les idées sont primordiales. Le combat pour les idées est le plus important, parce qu’aucune perspective ne peut naître d’une organisation où règne la confusion concernant ce que l’on veut. »

Finale

21′ Avis personnel de l’orateur, intéressant.

Paris, le 27 septembre 2020

1 De son propre aveu, Jean Burgos a plusieurs fois cité Nicolas Casaux, mais celui-ci est plus un vulgarisateur qu’un penseur.


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