Bref éloge de la marche à pied pour les retraité(e)s qui s’ennuient.
Selon certaines études scientifiques, il paraît que la marche à pied est bénéfique pour le muscle cardiaque mais aussi pour la créativité, on peut lire à ce sujet ce court article du Figaro. Nous ne savons pas si c’est vrai, et cela nous importe peu, mais il se trouve que le confinement nous a offert l’occasion d’en tester les effets. Et bien, croyez-le ou non, une seule petite heure de marche suffit à redonner du tonus quand on n’a plus envie de rien. Après plusieurs jours à ne sortir de chez soi que pour faire les courses, et a fortiori après quelques semaines, l’esprit a tendance à se « crisper » ou se « focaliser » sur les mêmes idées, puis il les abandonne parce qu’elles ne mènent à rien. Et le moral s’en ressent : on a de moins en moins l’envie de « se bouger », et les nouvelles, sur Facebook ou ailleurs, se vident d’intérêt à mesure que le temps passe. Mais après une marche, on leur retrouve un intérêt quelconque, elles inspirent un peu de curiosité, et l’on clique pour en savoir plus.
Impossible d’en dire davantage sur notre expérience, qui est de toute façon bien trop floue et sans rapport avec celles des scientifiques. En effet, selon l’article du Figaro, ils parlent d’une augmentation mesurable de la créativité, ce qui suppose des conditions expérimentales bien précises, alors que nous évoquons seulement une sorte de « disposition d’esprit » qui se trouve améliorée. (De façon notable cependant, sinon nous n’en parlerions pas.) La créativité fait couler beaucoup d’encre, mais cela conduit à une focalisation sur les personnes les plus créatives, avec l’idée implicite que les autres ne le sont pas. Pour nous c’est une aberration, car nous considérons que la créativité se manifeste déjà dans l’aptitude à s’intéresser à quelque chose. Et c’est logique : pour trouver de l’intérêt à ceci ou cela, il faut l’associer à quelque chose d’autre, et cette association est « créative » puisqu’elle pourrait aussi bien ne pas se faire.
Même si l’on ne s’en rend pas compte, la marche facilite les associations d’idées, et c’est pourquoi elle peut aider à sortir de l’ennui. Les scientifiques n’ayant pas d’explications, votre serviteur a imaginé la sienne qui est très simple. D’abord, on remarque que marcher demande très peu d’attention, ce qui laisse le loisir de penser à tout et n’importe quoi. (Il importe peu que les pensées soient positives ou négatives, futiles ou hautement philosophiques.) Ensuite, marcher présente le grand mérite de mobiliser la volonté, puisque celle-ci est occupée à mouvoir le corps. Il en résulte que les pensées produites en marchant échappent aux désirs parasites qui, en sollicitant la volonté même si cela ne se manifeste pas en actes, peuvent réduire ou entraver la liberté d’association.
Disons que la marche permet ce truc bien connu qu’on appelle « lâcher-prise ». On abandonne, (temporairement bien sûr), ce à quoi on s’était « accroché », mais c’est suffisant pour « se changer les idées ». En marchant, on ne reste jamais longtemps focalisé sur un même sujet, on passe de l’un à l’autre sans s’en rendre compte. A l’inverse, quand on ne sort pas de son canapé, la tendance est à la rumination, parce que penser toujours à la même chose ne demande aucun effort, c’est la solution de facilité.
Finalement, à défaut d’explications convaincantes, il est toujours permis d’imaginer l’existence de liens profonds entre la marche et la pensée : ces deux activités semblent n’avoir rien en commun, mais il n’est pas dit qu’elles soient indépendantes pour le cerveau. Ce sont en tout cas les plus caractéristiques d’Homo sapiens.
Paris, le 2 février 2022
Illustration : « Enfants : l’ennui serait bon pour leur imagination »
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A suivre, bref éloge du pédalo pour les actif(ve)s qui sont surmené(e)s ? 😉
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Mauvaise langue ! 😉
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