Quand des féministes abaissent Emmanuel Todd au niveau d’Eric Zemmour.
Emmanuel Todd ayant publié un livre où il affirme que « le patriarcat n’existe pas », et votre serviteur ayant une totale confiance dans ce chercheur réputé, chevronné et scrupuleux, il en avait aussitôt conclu à la non-existence dudit patriarcat. Dieu merci toutefois, un article tombé sur son « fil d’actu » facebookien, signé d’une illustre inconnue nommée Francine Sporenda, lui apprend que Todd n’a fait que proférer une « énormité », car le patriarcat existe bel et bien, ce n’est pas une invention des féministes. Mais cette contre-affirmation est tellement surprenante que l’on est tenté de la mettre en doute, ne serait-ce que pour faire bisquer son autrice. Après tout, on a vu que la force de gravitation n’existe pas, et que l’on peut en dire autant de la SNCF, alors pourquoi pas le patriarcat ?
Mais trêve de plaisanteries. Contrairement à l’islamo-gauchisme dont l’existence est loin de faire l’unanimité, celle du patriarcat est consensuelle, il faut être tombé d’une autre planète pour l’ignorer. C’est pourquoi le fait d’affirmer son existence en réaction à sa négation relève de la pensée réflexe, du lieu commun, de la trivialité : c’est quelque chose qui ne présente aucun intérêt et n’apporte rien de neuf. Sauf à être féministe comme une bigote récite son chapelet, lire les preuves de l’existence du patriarcat est un pensum, exactement comme l’on fait répéter à un écolier la règle qu’il vient d’enfreindre.
Tout cela nous a fait écrire un commentaire à l’incipit peu diplomatique : « Article à la con, désolé d’avoir à le dire. » Il comporte un terme grossier, certes, mais qui ne vise pas l’autrice dont nous ignorons tout, et nous lui avons associé un regret sincère. C’est l’article que nous jugeons en mal, car sa (pénible) lecture révèle qu’il ne contient rien de plus que ce à quoi l’on peut s’attendre de la part d’une féministe outrée. A moins d’être idiot, ça se comprend dès l’introduction qui annonce la couleur :
« Les médias ont abondamment parlé du livre antiféministe d’Emmannuel Todd. Selon la critique de l’Obs, un livre truffé d’erreurs et d’approximations, de généralisations hâtives, de confusions brouillonnes entre causalité et corrélation et de paralogismes ébouriffants. »
L’intention de Francine Sporenda est seulement de montrer qu’il y a outrage, au sens d’un « acte ou [d’une] parole portant gravement atteinte à une règle, un principe généralement admis et respecté ». Elle le confirme à la quatrième phrase :
« Se rend on compte de l’arrogance qu’il faut pour asséner une telle provocatrice absurdité ? »
Arrogance, provocation, absurdité ! N’en jetez plus, la coupe est pleine ! Le texte ne pouvant ensuite que confirmer ces mots, à quoi bon le lire ? L’on sait d’avance ce que l’on va y trouver : un acte de condamnation en bonne et due forme, et c’est bien le cas. Que les féministes critiquent Todd pour son étude qu’elles jugent mauvaise, soit, c’est de bonne guerre, c’est légitime, et cela fait partie des débats, mais pas avec un texte aussi creux, acceptable uniquement par des militantes armées jusqu’aux dents !
Nier les chambres à gaz ou le réchauffement climatique suscite une indignation légitime, mais là il s’agit du patriarcat : ce négationnisme mérite-t-il qu’on décapite son auteur à la sauce de la « cancel culture » ? Et si oui, est-ce intelligent de le faire sur la base d’une seule assertion prise au premier degré ? Et sans tenir compte du fait que l’auteur est un scientifique sérieux, non un polémiste comme Eric Zemmour ? Qu’importe, diront nos féministes, Todd est un mâle blanc, dominant et privilégié : un « fleuron du mandarinat universitaire et incarnation superlative de la suprématie mâle » selon Francine Sporenda. Donc, s’il écrit sur le féminisme, c’est en tant que spadassin du patriarcat, tout comme Jancovici ne peut être qu’un lobbyiste du nucléaire, (et « sexiste » de surcroît, le monde est petit). Le Nouvelobs est du même avis puisque son article annonce dans son chapeau :
« Dans « Où en sont-elles ? », l’essayiste s’en prend aux combats des femmes et à la notion de genre. A lire son pavé pseudoscientifique, leur émancipation serait une nuisance pour nos sociétés. »
Le verbe s’en prendre signifie s’attaquer : il s’agit d’un terme fort et incisif, qui attribue à « l’essayiste » une intention bien précise : combattre l’émancipation des femmes.
Mais nous ne savons toujours pas ce que le scandaleux « essayiste » a bien pu raconter. [Moi: Oh my Goooood ! C’est sûrement horriiible !] Pour en avoir le cœur net, nous avons donc cherché et trouvé cette interview en accès libre (et pleine de chiffres). C’est très intéressant, et bien plus sérieux qu’il n’y paraît à croire ses détractrices. Il considère effectivement que le féminisme est devenue une « nuisance », et parle même de « catastrophe », mais pour les milieux populaires, non pour « nos sociétés ». Que ce soit vrai ou faux, qu’il ait raison ou non, la nuance est de taille, et l’on réalise pourquoi la pilule a du mal à passer : c’est tout simplement que personne n’aime se faire critiquer. Cela ne suppose nullement que Todd serait antiféministe comme des écologistes sont antinucléaires, il est seulement critique, et probablement pas sans de bonnes raisons…
Pour finir, voici comment l’intéressé explique sa « provocation » :
« Ce n’est pas que [le patriarcat] a disparu, c’est qu’il n’a jamais existé. Qu’est-ce que ça veut dire patriarcat ? Je préfère parler de système de patridominance universel, c’est-à-dire une position légèrement supérieure de l’homme en particulier dans les activités de gestion collective. Mais l’intensité de cette domination masculine est tellement variable selon la géographie et l’histoire qu’on ne peut pas appliquer un terme unique à des systèmes très différents. Je propose, avec l’aide d’un expert, une utilisation nouvelle de l’Atlas ethnographique de Murdock pour montrer cette diversité au lecteur, par des cartes originales. Sur un sujet qui est souvent abordé de manière ultra-idéologique, nous pensons que l’accès aux données est fondamental. »
Il ne propose qu’un changement terminologique afin de rendre compte plus précisément des données en sa possession : cela n’interdit nullement aux militantes d’utiliser patriarcat dans le sens courant. Pas de quoi en faire un fromage. Mais l’on devine que nos féministes attaquées et outragées ont surtout besoin de regarder ailleurs…
Paris, le 31 janvier 2022
Illustration : tweet d’une féministe, avec cette légende :
« Après avoir trouvé l’idée du siècle, à savoir taper sur les féministes en écrivant un livre pour expliquer que le patriarcat n’a jamais existé en Occident, Emmanuel Todd regarde Gossip Girl dans son plaid en velours et médite sur le sens de sa vie. Quel homme. » [Et quelle méchanceté ! 🤣]
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Permalien : https://onfoncedanslemur.wordpress.com/2022/01/31/emmanuel-todd-le-patriarcat-nexiste-pas/
Bonjour, pour ma part, j’ai exercé mon esprit critique sur le concept de « patriarcat », que j’ai vu apparaître dans les études universitaires à partir des années 1980 seulement. C’est une fantasmagorie, une baudruche intellectuelle inventée par les féministes victimaires, qui sont de grandes affabulatrices et des révisionnistes historiques. Je vous invite à lire ces pages si avez un peu de temps 😉 https://eromakia.fr/index.php/la-supercherie-du-patriarcat/
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Les femmes se plaignaient moins du patriarcat à l’époque ou il fallait aller dans les mines et faire la guerre régulièrement.
Todd ne dit pas que le patriarcat n’existe pas, il dit que ce mot a été inventé pour différencier le système occidental des autres. Nos féminoides feraient bien d’aller faire un stage au Pakistan ou en Chine pour se rendre à quel point elles ne vivent pas en « matriarcat ». D’ailleurs, comme le dit Todd, en dehors des classes très riches, en France nous vivons sous matri-dominance. C’est tellement évident qu’on n’a pas besoin d’être un chercheur en anthropologie comme Todd pour s’en rendre compte.
Bref … le monde à l’envers.
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Hello yoananda ! Les grands esprits se rencontrent, hier je me disais justement : « Tiens, il y a longtemps que yoananda n’est pas venu commenter ! » Très heureux de voir que mes billets motivent à l’occasion le lecteur exigeant que vous êtes. Cela dit, désolé de ne pas pouvoir vous répondre, je connais trop mal le féminisme, (et ses courants), ainsi que la position et les théories de Todd.
Cordialement
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Monsieur,
Je vous remercie en premier lieu de m’avoir passé les excès liés à l’émotion. Je ne vous promets pas d’avoir évacué cette émotion dans ce message cependant.
Je nie à Todd le qualificatif de chercheur réputé mais pas celui de penseur iconoclaste souvent intéressant à lire. Il a de facto contribué à la connaissance par plusieurs de ses ouvrages (les meilleurs étant bizarrement ceux avec un co-auteur universitaire). Ceci bien qu’il ait fait sa carrière sur un concept qu’il décline à toutes les sauces et qu’il ait utilisé son corpus théorique pour dire tout et son contraire (Contre Maastricht puis pour la Constitution européenne, pour puis contre l’euro, etc). Il me semble loin d’être muselé puisque publié et faisant la promotion de son livre dans tous les médias.
Ne vous en déplaise, l’expression « théorie du genre » est apparue à l’extrême-droite et est une chimère utilisée pour semer la peur chez les bonnes gens. Cette théorie n’existe pas. Ce qui existe, en revanche, c’est une distinction entre « sexe biologique » et « genre ». Le genre est un concept issu des sciences humaines et sociales pour affirmer l’importance de l’environnement social et culturel dans la construction de l’identité sexuelle de chacun. Il ne s’agit pas de nier les différences biologiques entre hommes et femmes, mais de dévoiler l’origine éminemment sociale et donc le caractère en réalité arbitraire de l’inégalité des sexes dans de multiples domaines.
Les sciences sociales donnent par exemple ce type d’expérience : plusieurs études conduites en collaboration avec I. Régner de l’Université d’Aix-Marseille, plusieurs centaines d’élèves du secondaire devaient mémoriser une figure géométrique complexe, sans signification particulière, pour ensuite la reproduire sous une forme graphique.
Cette épreuve leur était présentée soit comme un test de géométrie soit comme un test de dessin (des élèves comparables étaient assignés au hasard à l’une de ces deux conditions). En condition « géométrie », les filles produisaient une performance inférieure à celle des garçons. Cette différence s’inversait dans la condition « dessin ».
Le test étant strictement le même dans les deux conditions de l’étude, on voit à quel point la perception que les élèves se forgent d’eux-mêmes en fonction de leur appartenance de sexe peut s’avérer déterminante.
Mais effectivement nous sommes dans le champ des sciences sociales. Sciences sociales dont la légitimité a de tout temps été niée par les défenseurs de l’ordre établi. Cela ne sert à rien d’étudier la société, elle n’existe pas et les processus de domination existent parce que c’est comme ça. Manquerait plus que les pauvres se rebellent. Loi de Brandolini oblige je ne m’abaisserai pas au débat que vous semblez souhaiter. Le hic pour vous mon bon Jeff c’est que pour soutenir votre thèse il faut également s’attaquer aux 30 dernières années de recherches en neurosciences. Bon courage pour cela ! Alors évidemment, de la même manière que vous trouverez toujours un climatologue pour nier l’origine anthropique du bouleversement climatique, ou un virologue pour traiter le covid à la javel, vous trouverez facilement quelqu’un vous expliquant que ces recherches sont risibles.
Et nous arrivons au cœur du problème. Comprenez-bien que je n’ai pas d’actions au sein du « consortium féministe international » mais que je défends seulement le consensus scientifique contre les positions d’hurluberlus réactionnaires.
Cette nouvelle vague réactionnaire s’en prend au « néo-féministes », qui seraient à opposer au féminisme plus ancien qui lui était acceptable apparemment. Sauf que ces pirouettes ne tiennent pas la route. Et oui « On ne naît pas femme, on le devient » de S. De Beauvoir c’est pile la « théorie du genre ». C’est comme l' »intersectionnalité » d’ailleurs. Nos élites médiatiques n’ont-elles pas lu Bourdieu ? Ca dégueule d’intersectionnalité dans tous sens, sauf que le concept n’existant pas à l’époque, il n’est jamais formalisé.
Si je synthétise la situation, nous sommes en présence d’un mâle bourgeois bien établi, venant liquider le consensus scientifique sur la division du travail chez les chasseurs-cueilleurs, le patriarcat, le concept de genre, j’en passe et des meilleurs. Livre écrit contre les «néoféministes », entité fourre-tout jamais explicitée, dans un contexte où effectivement le débat public souffre d’une absence de pensée réactionnaire. Heureusement qu’E. Todd est là car sans lui c’est vrai qu’on sentait qu’ « on ne pouvait plus rien dire ». Je le sais de source sûre, je l’entends tous les jours à la télévision depuis 20 ans. Nous parlons donc d’un livre qui marquera à jamais la formidable aventure de la connaissance humaine, ou rejoindra les poubelles de l’histoire comme la majorité des ouvrages commis par son auteur, l’avenir nous le dira.
Mais dans ce contexte, vous, Didier Mermin, n’écoutant que votre courage, vous êtes jeté sur la première militante venue pour lui démontrer la vacuité de son combat. Quel dévouement. Il me semblait que les militants étaient là pour modifier les rapports de force politiques, non pour produire le savoir. Mais puisque le savoir est idéologique et « importé des Etats-Unis » (la bonne blague, quel champ scientifique n’est pas largement dominé par la 1ère puissance mondiale exactement ?), il a fallu rétablir l’ordre des choses. Et assister à un débat entre 2 personnes n’ayant pas lu le livre.
Pourquoi le chipotage serait-il grave me demandez-vous ? Rien n’est grave mon ami puisqu’on fonce dans le mur. Défendons l’ordre social existant, il manque de défenseurs et n’apporte que des bienfaits, et ridiculisons les luttes des dominés qui n’ont pas la chance d’avoir notre recul pour comprendre à quel point ils feraient mieux de fermer leur gueule et d’apprécier leur situation présente. Du temps de Papy ils étaient traités bien moins bien, c’est certain. Preuve s’il en est qu’il n’y a rien à discuter. Enfin Pétain a sauvé les juifs ça faut quand même le préciser bien sûr. Heureusement qu’on parle des vraies menaces existentielles pesant sur la race humaine au XXIème siècle !
Et le wokisme aura beaucoup plus d’impact sur la vie quotidienne des Français de 2030 que la subvention aux entreprises de 40% sur l’investissement en bras robotisés dans le cadre du plan de relance. C’est évident.
En définitive nous ne sommes que des êtres sensoriels, et en tant qu’hommes occidentaux blanc cis-genre hétérosexuels (je présume ici que vous partagez avec moi ces caractéristiques), pour nous le patriarcat n’est qu’une chose abstraite. Jusqu’à ce qu’on accompagne une proche dans un commissariat pour un dépôt de plainte pour viol par exemple. Mais quand nos sens réalisent ce que le cerveau se refusait à conceptualiser c’est toujours bien trop tard.
Et c’est bien pour cela qu’encore une fois, on fonce dans le mur.
Je resterai en tous cas un de vos lecteurs réguliers. Et j’ai grand hâte de lire vos prochains posts que j’imagine du type « Homosexualité et décroissance » ou « Islam et fin du monde ».
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Quand le niveau du débat intellectuel abaisse Didier Mermin au niveau d’Eric Zemmour.
Je vous suis depuis quelques mois et la lecture de l’intégralité de vos posts m’a fait développer une haute estime de vous. Cependant je vous avoue que cette image a été écornée par plusieurs de vos saillies réactionnaires, à commencer par la présente.
Tout est déjà dit dans la première phrase de votre texte : « Emmanuel Todd ayant publié un livre où il affirme que « le patriarcat n’existe pas », et votre serviteur ayant une totale confiance dans ce chercheur réputé, chevronné et scrupuleux, il en avait aussitôt conclu à la non-existence dudit patriarcat. »
Je vous ai connu plus exigeant intellectuellement.
« chercheur réputé » ? Il me semble qu’E. Todd, après la publication de sa thèse, sous la direction d’une légende universitaire telle que E. Le roy Ladurie, dans les prestigieuses Annales n’a strictement jamais rien publié de sa carrière dans une revue scientifique à comité de lecture. Titulaire d’un doctorat, il n’a jamais rejoint ni l’université ni le monde de la recherche. Ingénieur d’études à l’INED ça oui, beau pantouflage permettant la publication d’un livre grand public tous les 5 ans mais aucune contribution à la recherche dans sa discipline et une reconnaissance de ses pairs objectivement famélique. Vous pouvez à ce titre comparer avec les publications scientifiques d’H. Le Bras, le co-auteur du seul livre de Todd pris en considération par ses pairs
Nous sommes donc en présence d’un intellectuel de salon, dont la différence avec un BHL est principalement qu’il inclut des statistiques dans ses ouvrages – ça impressionne le quidam.
A noter que l’on peut tout à fait faire carrière en dehors de l’université, Baudrillard en étant l’exemple-type bien qu’il ait passé 15 ans à Nanterre.
Dans l’une des interviews que vous partagez on découvre la vision des chasseurs cueilleurs d’E. Todd. Une vision d’un simplisme effarant typique de Todd (j’empile les hypothèses simplistes pour prétendre créer une pensée complexe). Je ne peux vous recommander la lecture d’A Testart ou à vrai dire de n’importe quel spécialiste reconnu universitairement de la période pour comprendre que les propos généraux d’E. Todd n’ont aucun sens.
Enfin tomber dans le panneau du mec qui chipote la définition du concept pour prétendre que le concept n’existe pas me laisse sans voix. La réponse sur fb de la Francine que vous attaquez de manière vulgaire est très éclairante : on peut effectivement jouer des mêmes artifices pour prétendre que le capitalisme ou le racisme ou l’esclavage n’existe pas.
Bref, je n’ai pas le courage de continuer mais quand je vois que vous remercier un commentaire qui utilise les termes « théorie du genre » je me demande si vous ne devriez tenter de faire publier votre blog sur figarovox ou valeurs actuelles.
En synthèse, ce message c’est juste ma plainte inutile de découvrir que vous n’êtes vous non plus pas si libre de vos déterminants sociologiques, et que, toutes choses égales par ailleurs, vous n’êtes qu’un boomer de plus…
P.S: Je vous partage une petite astuce pour détecter les intellectuels faussaires: quand quelqu’un accepte qu’on le présente sous un titre qu’il n’a pas (démographe, sociologue, universitaire, historien dans le cas du Z, etc) c’est la preuve d’une personne ayant l’intégrité intellectuelle de Nadine Morano. Et cette astuce fonctionne parfaitement avec Todd…
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Cher Monsieur,
C’est très aimable à vous, et intellectuellement très honnête, d’avoir fait un long commentaire pour justifier votre critique d’une façon aussi raisonnable que possible. A vous lire, je comprends fort bien que j’aie pu « tomber dans le panneau » d’un livre qui est (ou serait ?) du niveau de Zemmour. Mais en fait non, je n’ai aucune opinion arrêtée sur ce livre, je confesse seulement avoir de l’estime pour son auteur, mais sans plus. (Comme tout le 1er §, l’incipit était ironique, c’était signalé par l’accroche du 2ième §.)
Tout le billet, sauf la fin, a été écrit en ne connaissant rien d’autre que l’article sur FB de Francine Sporenda, c’est lui que j’ai « attaqué », pas son auteur. Et je n’ai pas pris la défense de Todd, (qui n’a pas besoin de moi), ni attaqué des féministes dont j’ignore tout : je me suis seulement efforcé de montrer que l’article de Sporenda n’est pas une critique mais une « condamnation ». Parce que j’ai horreur que l’on « condamne » des gens ou des œuvres qui ne le méritent pas.
Apparemment, ma démonstration ne vous a pas convaincu, sans doute parce que vous pensez que le livre de Todd ne vaut pas un clou. C’est fort possible, je n’en sais rien, mais le contraire est possible aussi. Et même si son bouquin est truffé d’erreurs, il comporte peut-être aussi des choses intéressantes et justes, non ? Mais pour le savoir, il faut le lire, et pour le lire il ne faut pas qu’il soit condamné a priori.
La fin de votre commentaire est moins aimable à mon égard. Écrire que je ne suis « qu’un boomer de plus » est plutôt méprisant, mais bon, je ne vous en veux pas, car je sais top bien qu’il faut de l’émotion pour écrire. En revanche, il est vrai que je ne suis pas libre de mes « déterminants sociologiques », mais ni plus ni moins que des milliards de personnes qui peuplent ce bas monde. Et c’est d’ailleurs l’une des raisons qui font que l’on fonce dans le mur.
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Je n’ai pas compris votre phrase :
« Enfin tomber dans le panneau du mec qui chipote la définition du concept pour prétendre que le concept n’existe pas me laisse sans voix. »
Il n’y a pas de « panneau » là-dedans, on peut dire que Todd « chipote la définition du concept« , mais, si c’est du chipotage, alors ce qu’il en fait découler, (« le patriarcat n’existe pas« ), est aussi du chipotage. Mais pour Mme Sporenda, cette conséquence est un outrage au bon sens et aux femmes dominées. Il faudrait donc croire qu’une conséquence gravissime peut venir d’un chipotage ? Je voudrais savoir comment c’est possible.
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Voici la biographie de madame Sporenda sur le site d’un de ses éditeurs: « Responsable rédactionnelle du site Révolution féministe, ex-membre du bureau de l’association féministe Les Chiennes de garde, Francine Sporenda, qui est franco-étatsunienne, détient un Ph. D. de l’Université du Maryland, avec une spécialisation sur les théories racialistes du 19e siècle. Après un passage dans le journalisme, elle a enseigné comme maîtresse de conférences et a été responsable de département à la School of Advanced International Studies de l’Université Johns Hopkins à Washington. »
Une personne dont on devine la neutralité de point de vue et la sérénité… C’est « théorie » dans l’expression théorie du genre qui vous gêne? Vous voulez remplacer par vérité?
En ce qui concerne les sciences humaines, elles sont imprégnées d’idéologie et aiment utiliser le prestige des sciences dures en singeant ses pratiques même si c’est un peu vain, un peu comme l’astrologie utilisait le prestige de l’astronomie. C’est normal: on ne peut pas répéter une expérience dans les sciences humaines comme en physique ou en chimie. Le Suisse David Cosandey a émis une des théories explicatives du développement différencié des civilisations les plus stimulantes mais il n’est quasiment pas connu parce qu’il est en dehors des cercles universitaires comme il faut et que sa theorie ne rentrait pas dans les idéologies de gauche ou de droite. Il aurait normalement du avoir la carrière d’un Braudel. Comme il est Suisse et que la vie est chère dans son pays, il est devenu gérant de fonds d’investissements pour nourrir sa famille et a laissé les universitaires « sérieux » dans leur bac à sable. Voici pour vous dire que vos revues « scientifiques » en sciences humaines m’impressionnent peu. C’est sorti où le patriarcat du steak pour expliquer la différence de taille entre hommes et femmes?
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Ce qui est intéressant, c’est que cette Sporenda vit à Washington et a étudié dans le Maryland. Alice Coffin a eu son épiphanie aux USA. Elles ne sont pas les seules Il y a tout un écosystème qui finance pour la France de la propagande et l’exportation de la théorie du genre depuis son berceau, les USA. D’où vient l’argent?
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Merci pour ces précisions. Mais je n’ai pas du tout compris la phrase : « Alice Coffin a eu son épiphanie aux USA. » Je vois qui est Alice Coffin, mais qu’est-ce que cette « épiphanie » ?
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Alice Coffin était proche de la dépression et ne savait pas où elle allait dans la vie lorsqu’elle travaillait à 20 minutes. Elle a eu la révélation avec une bourse de la fondation Fulbright obtenue en 2017. Elle a été nourrie de théorie du genre aux Usa et elle est revenue régurgiter ses cours.
Vous demandez à Sporenda d’être objective. Mais Sporenda a bâti son être social (associations, livres) et son bien-être matériel (maître de conférences à la John Hopkins University) sur la théorie du genre. Si la théorie du genre est une connerie, sa vie est une imposture.
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Merci pour ces explications, Jeff, maintenant je comprends mieux, et je raccroche les wagons avec les déclarations de Todd dans les entretiens diffusés sur le Net. Il s’est effectivement attaqué à la/aux théorie(s) du genre, ce qui ne peut évidemment pas plaire à tout le monde.
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